A Debreceni Déri Múzeum Évkönyve 1976 (Debrecen, 1977)
Művészettörténet - Tóth Béla: L’art de Béla Gy. Szabó
Béla Tóth L'ART DE BÉLA GY. SZABÓ Né le 26 aoűt 1905 ä Gyulafehérvár, Béla Gy. Szabó fit ses études dans le lycée de sa ville natale. Sa predilection pour le dessin et la peinture s'était manifestée de bonne heure. Heureusement pour lui, il eut un excellent professeur en la personne de Jenő Reithofer. De 1923 a 1927, il fit des études ä PÉcole Polytechnique de Budapest, d'ou il dévait sortir comme ingénieur mécanicien diplömé. II n'abandonna pas pour autant le dessin et la peinture. En 1928, il retourna en Transylvanie, puis fut appelé sous les drapeaux. Pendant une année, il travailla comme ingénieur ä Kolozsvár dans une usine qui dévait disparaitre en 1932. Étant sans emploi, il allait des lors se consacrer entiérement ä sa vocation d'artiste. Gräce a ses dessins, il se fit remarquer en 1932 ä une exposition organisée ä Kolozsvár. Ce fut la mérne année qu'il se mit á pratiquer, sur le conseil de Károly Kós, la gravure sur bois. Les dessins, gravures et peintures de cetté période-lá représentent les themes de la pauvreté et de la misére prolétarienne, l'artiste partageant lui-méme la vie du proletariat intellectuel. Les gravures sur bois recueillies dans Liber miserorum, publié en 1935, nous offrent comme l'image condensée de cetté période créatrice. — Ayant travaillé jusque-lá plutöt en autodidacte, il se rendit en 1936 á Budapest pour у poursuivre des études á l'École Supérieure des Beaux-Arts. La, son maitre fut surtout Lajos Nándor Varga. Aprés trois années d'études, il rentra a Kolozsvár ou il travaillé aujourd'hui encore. Les gravures sur bois, du fait qu'on peut les reproduire et qu'elles pénétrent, par consequent, plus facilement dans le public sous forme d'expositions, d'albums, etc., sont certainement au premier plan de la renommée de I'artiste. Celui-ci, cependant, n'a jamais cessé de cultiver, pareillement ä la gravure, le dessin et la peinture. Plus d'une dizaine de milliers de dessins, plus d'un millier de pastels á cöté d'un grand nombre de gravures dépassant largement le millier (Opus millesimum: Autoportrait, 1968). Pour lui, le dessin, tout en étant un procédé expressif autonome, qu'il s'agisse de lavis ou de fusain, est en mérne temps le bloc-notes, le journal de I'artiste, un ébauchage de futures oeuvres, de gravures surtout. C'est ce qui ressort de ces trois livres qui sont le mieux accessibles aux amateurs: Homokvilág ( = Monde de sable, 1939), Kínai útivázlatok ( = Voyage en Chine en esquisses, 1960), Mexikói-tél (Hiver mexicain, 1974). Ce qui caractérise ces oeuvres, c'est que les dessins de Gy. Szabó et surtout les fusains de plus en plus nombreux laissent également voir des qualités picturales, puisque — tout en saisissant énergiquement et avec beaucoup de densité les traits caratéristiques des figures, la situation spatiale des phénoménes — ils rendent des nuances subtiles, des impressions fugitives. Le courant principal, cependant, nourri par des milliers de »rus«, c'est la gravure sur bois. Depuis le moment oil I'artiste s'est mis ä »faire du bois«, il a élaboré dans ce domaine une telle richesse de procédés expressifs et a un niveau si élévé que personne d'autre, peut-étre, n'en a fait autant avant lui, ni ne fait autant actuellement. II est capable de tout exprimer par la seule technique du burinage et du tirage ä la main. Tout cela a commence, peut-étre, par la representation de ces arbres solitaires, qui semblent tantót réver, tantót se tourmenter, qui cachent de l'ombre, respirent la fraicheur et le calme et finissent par se constiteur en forets; ensuite venait la neige, la neige avec ses variétés sans nombre, de mérne que les eaux, ce theme si favorisé, et avec les eaux la lumiere, ce phénoméne si significatif pour un graveur, si bien que I'artiste en est arrive maintenant, ou peu s'en faut, á rendre la lumiere en tant que telle, en elle-meme, pareil en cela au peintre Egri auquel on peut l'apparenter du reste sous d'autres rapports aussi. Son dernier coup de maitre, c'est la representation du brouillard, dans sa réalité bleme, flottante, terne, par un simple recours au burin, sans aucun true de coloration (Rocher en brouillard, 1968). — Ces particularités, у compris le format des tableaux, lesquels atteignent souvent ou mérne dépassent la grandeur de 40 cm sur 60, sont autant d'indices et de preuves du fait que les gravures sur bois de Gy. Szabó dépassent les cadres de l'illustration artistique pour s'élever jusqu'ä la sphere de l'oeuvre d'art autonome, ä la hauteur de la peinture. 298