A Debreceni Déri Múzeum Évkönyve 1960-1961 (Debrecen, 1962)

J. Szabadfalvi: L’art du pain d’épices ? Debrecen

L'art des paindépiciers est en réalité tout entier dans leur art de sculpter. Les moules étaient sculptés par les maitres eux-memes ou par leurs aides, qui parfois se montrent veritablement des artistes de valeur dans ce domaine. Parmi les maitres de Debrecen au cours de ces derniéres décennies, il n' у avait que Ferenc Kálmáncz­helyi ä s avoir sculpter un moule, et avec sa mort c'est la traditionnelle technique de la sculpture des moules, célébre dans tout le pays, qui disparaissait.. A partir des moules des paindépiciers de Debrecen et de la région d'au-dela de la Tisza, on est en mesure de dresser tout un inventaire de Phistoire de la culture. Les ornements géométriques des moules ä forme ronde reflétent le style de Tart populaire du moyen age. Le hussard au corps disproportionné et ä la pose insolite, est animé du mérne souffle que les fresques médiévales. C'est toute la richesse du baroque qu'évoquent les charmants motifs de coeurs, ou bien nous у voyons la répli­que populaire des vases empires. De nos jours encore on peut voir une tété d'animat orner la poignée des sabres achetés aux enfants. Sur un moule к pain d'épices qu'on peut trouver chez un maitre c' est Garibaldi, le héros italien de la liberie qui nous regarde. Un moule de forme ronde porté le buste du plus grand poéte débrecenois, Mihály Csokonai Vitéz. L'examen des moules ä pain d'épices de Debrecen permet de déceler deux pro­cessus: 1. lis sauvegardent avec conservatisme la forme et le style ornemental des moules des siécles antérieurs. Cetté fidélité aux traditions s'explique essentiellement par le fait que pour faire un nouveau moule on prend modele sur 1'ancien. Cetté ten­dance qui se transmet ä travers les siécles explique le caractére archáique d une partié des moules. 2. En face de cetté tendance respectueuse des traditions, se fait jour un effort pour adapter les moules á l'époque qui les voit naitre. A cöté des pätes ä base de miel traditionnelles, on fabrique aussi depuis quelques temps d'autres sortes de pätes. C'est ainsi par exemple que dans les cent ou cent cinquante derniéres années, les coeurs en pain d'épices, peints, ornés d'un petit miroir sont devenus ä la mode, reléguant petit ä petit ä l'arriére-plan la fabrication de la pate au miel décorée ä l'aide du moule. La päte des coeurs rouges — ainsi que je l'ai déja mentionné est exclusivement ä base de Sucre et de levure, la surface étant décorée avec une preparation de couleur (tableau XXIII. ). Lors de la fabrication des coeurs peints l'utilisation et la repartition des couleurs choisies avec goüt est d'une importance decisive. Les couleurs les plus souvent employees sont le blanc, le bleu, le vert, le jaune et le rouge, l'emploi de couleurs tranches étan t de meilleur gout que Pemploi de couleurs dans la composition desquelles entrent différentes nuances. Au bas des images qui ornent les coeurs peints rouges, on peut lire une petite po­csie de deux ä quatre vers. Les sujets de ces vers sont assez varies. On у retrouve les formes populaires faconnées par Pinfluence des grands styles poétiques des différen­tes époques. Tant que n'apparait pas la forme moderne de l'échange des marchandises — des siécles durant — les fobres constituent pour ainsi dire les seules occasions de commerce. И у a quelques décennies encore les paindépiciers de Debrecen et de la région au-delä de la Tisza ne vendaient les produits de leur industrie que dans les foires et sur les marches qu'il у avait toutes les semaines. Au début du XVIIIéme siécle, ä Debrecen, il у avait des foires qui duraient quinze jour sept fois par an, ä une occasion ou ä une autre. Quoique pour les paindépiciers de Debrecen et de la région, les grandes foires de Debrecen fussent les plus importantes, ils n'en allaient pas moins ä 80 ou 100 kilometres á la ronde avec leur chariot, pour faire les fetes et les foires des envi­rons. Ils dressaient des tentes dans les foires avec des piquets de bois et une bäche et c'est lä qu'ils vendaient leur marchandise (tableau XXIV.). Le goüt des acheteurs variait Selon les lieux et Pappartenance sociale. Lorsqu'ils sc préparaient ä se rendre к une foire, c'est en tenant compte de ces points de vue que les paindépiciers fabriquaient plus ou moins d'une sorte ou d'une autre de pain d'épices. A une époque plus récente, certains paindépiciers ouvrirent boutique dans la ville — s'écartant en cela des anciennes habitudes —, pour pallier ä la diminution du trafic des foires. Partout dans le pays, depuis 60 ou 80 ans on assiste au déclin de Pindustrie du pain d'épices. С est la patisserie, les bonbons, les gäteaux confectionnés ä la maison qui jouent le role autrefois dévolu aux produits de l'art des paindépiciers, et les moules en bois travaillés avec art finissent dans les greniers ou dans le meilleur des cas parmi les collections des musées. 141

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