Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 22. 1982-1983 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1985)

Die Anjovinen in Mitteleuropa - Klaniczay Gábor: Rois saints et les Anjou de Hongroie. p. 57–66.

(BLOCH 1924, 75), Edouard le Confesseur, roi d'Angleterre prit rang parmi les saints aussi en 1161 (Scholtz 1961). Quoiqu'il y aient des ressemblaces entre les cultes de saints rois du "centre" et ceux de la "périphérie" — en France de même qu'en Angleterre il était nécessaire de renforcer le prestige d'une nouvelle dynastie — les cultes d'Occident s'interprètent dans un nouveau contexte, en raison de la lutte pour la suprématie entre l'Empire et la Papauté. Cela se voit très clairement dans la canonisation de Charlemagne en 1165, un acte de politique démonstratif de la part de Frédéric 1er, dans lequel il était assisté par l'antipape Pascal III (FOLZ 1951). C'est dans ce même con­texte historique que s'intègre le transport de la relique des Rois-Mages à Cologne, soutenant ainsi par l'autorité de la Bible, l'idéologie de la sainteté royale (HOFMANN 1975). La troisième vague du culte de rois saints médiéval se situe vers la deuxième moitié du XIII e siècle. Bien que l'Europe de l'Ouest y ait sa part aussi, l'accent principal tombe de nouveau sur une région que l'on peut appeler périphérique: l'Europe centrale et orientale. Tandis qu'en Occident à cette époque, Louis IX, illustre patron des ordres men­diants, représentants de la nouvelle forme de piété, un roi qui avait excellé aussi en exploits de souverain et avait souffert le martyre, est le seul à obtenir ce titre (VAUCHEZ 1981, 74—75), en Europe centrale on peut observer l'essor d'une conception plutôt archaïque: celle de la sainteté héréditaire dans la dynastie. C'était tout d'abord la maison d'Arpad qui s'était distinguée par une longue suite de femmes saintes et bienheureuses. Il convient de rappeler que l'on peut observer la même chose chez nos voisins tchèque et polonais aussi et l'entrelacement dynastique des maisons princières d'Europe centrale avait pour résultat un système exubérant et indénouable des princesses, d'épouses et de veuves saintes.( 21 ) Ce n'est que les membres de la dynastie des Némanjitch qui continuent à augmenter même aux XII e —XIV e siècles le nombre des rois et des princes saints. Mais eux, ils "sont de leur époque" en ce que, chez eux, on trouve la formulation la plus concrète et la représentation la plus originale de la sainte dynastie, peinte à l'imitation de l'Arbre de Jessé biblique.( 22 ) En Hongrie, ce n'est pas exclusivement le culte d'Elisa­beth de Hongrie et de Marguerite qui portent témoignage sur cette nouvelle période. Elle est aussi caractérisée par la mention de plus en plus fréquente des prédécesseurs et des rois saints dans les chartes de Béla IV, d'Etienne V et de Ladislas dit le Couman, ce qui laisserait supposer que (21) Ces phénomènes sont traités plus en détail par VAUCHEZ (1977); c'est lui qui attire l'attention sur l'un des documents les plus intéressants relatifs à la notion de la sainteté dynastique, la généalogie de la fin du XIII e siècle qui décrit les „ascendants" pieux de sainte Hedwige de Pologne: Tractatus sive speculum genealógiáé Sanctae Hedwigis quondam ducissae Slesiae, Monumenta Poloniae Historica, IV, 642—650 pp. (22) Sur le motif iconographique de l'Arbre de Jessé comme une manière de représentation possible de la sainteté héréditaire, voir VAUCHEZ 1977, 404—406. Une telle rep­résentation des saints Némanjitch est reproduite par Kämpfer (1973) toute la dynastie fut considérée comme sainte.( 25 ) Les aïeux saints — Etienne, Émeric, Ladislas et Elisabeth — sont les principaux idéals de Marguerite selon la légende du frère dominicain Marcel (BŐLE 1937, 21-22) et cela est en correspondance avec la vénération marquée qu'Elisabeth de Töss la Bienheureuse, dernière princesse issue de la maison arpadienne, a pour Marguerite et Elisabeth (PUSKELY 1980, 69—71). Le culte de saint Ladislas prend l'essor publique pour la première fois dans le dernier tiers du XIII e siècle. C'est alors qu'apparaissent les premières fresques représentant Ladislas (LUKÁCS 1980) et se multi­plient les patronages Saint-Ladislas (Bálint 1977,489—490). Il faut bien mentionner aussi les deux sermons d'après 1290 où Benoît, évêque de Várad, commente longuement la vertu parfaite de Ladislas (LUKCSICS 1930, 30—34). Et enfin le dyptique d'André III, des années 1290, réunit pour la première fois dans une unité iconographique la lignée de saints sortis de la dynastie des Arpades: Etienne, Émeric, Ladislas et Elisabeth (PUSKELY 1980, 20—24). * Les Angevins donc trouvaient déjà en Hongrie un culte de saints dynastiques prêt à éclore. Nous avons vu aussi que les éléments relevés ici furent réarrangés et enrichis assidû­ment par eux. Après cette revue historique des cultes de rois saints, il reste encore quelque chose à ajouter. Déjà Marc Bloch avait remarqué que dans l'histoire des cultes et des croyances servant à corroborer le prestige sacral des souverains, c'est lors des changements de dynasties qu' aient lieu les tranformations les plus décisives. Vis-à-vis de l'autorité de leurs prédécesseurs défunts ou détrônés, les nouvelles maisons princières cherhent à affermir leur position par le moyen d'une nouvelle sorte d'attribut charis­matique. Ainsi fut introduit — présumablement par Pépin le Bref et son entrourage — dans la dynastie des Carolingi­ens se succédant aux Mérovingiens — l'usage du sacre avec l'onction par l'huile sainte (BLOCH 1924; 68—69). C'est pourquoi la maison des Capétiens françaises et celle des Plantagenêt anglaises clamèrent leur faculté thauma­turgique (BLOCH 1924, 27—50; 79—98). Et, comme je l'ai mentionné plusieurs fois, voilà à quoi servait aussi une partie considérable des cultes de rois saints. C'est l'extinc­tion de la maison d'Arpad également qui donna la poussée la plus décisive à l'épanouissement du culte des saints dynastiques en Hongrie: déjà le premier prétendant, Wenceslas de Bohême, avait tenté d'occuper le trône hongrois sous le nom de Ladislas; les Angevins, eux, firent tout leur possible pour faire dériver des rois saints leur droit de et aptitude à régner. À ce propos, historique­ment parler, leur est le dernier effort compréhensif en matière de politique ecclésiastique dans cette série. Pour conclure, qu'il me soit permis de remarquer que tout cela n'est pas sans correspondances étroites d'avec d'autres monarchies d'Europe centrale. C'est à peu près la même propagande cultuelle que l'on retrouve dans le (23) Sur l'interprétation possible de ces données, dans les années trente, une dispute s'est élevée entre Emma Bartoniek (1936) et József DEÉR, au cours de laquelle ce dernier a soutenu avec succès, à mon opinion, son affirmation que la mention des prédécesseurs saints aux XIII e —XIV e siècles avait reçu une telle accentuation qui fit étendre le concept de sainteté sur toute la dynastie. 63

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