Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 22. 1982-1983 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1985)
Die Anjovinen in Mitteleuropa - Klaniczay Gábor: Rois saints et les Anjou de Hongroie. p. 57–66.
C'est avec une liste jusqu'alors la plus complète des ancêtres saints de Charles Robert qu'Auguste de Gazotte justifie une nouvelle fois la légitimité du droit de Charles sur le trône de Hongrie dans l'Oraison qu'il avait composée pour le deuxième couronnement de celui-ci (1310). Dans elle, il mentionne non seulement saint Etienne et saint Ladislas de Hongrie mais encore de nombreuses princesses saintes ou bienheureuses issues de la maison arpadienne au cours du XIII e siècle: la soeur de Béla IV, Sainte Elisabeth; les deux filles du roi: Marguerite et Cunégonde, cette dernière étant vécue en Pologne; la petite-fille de la soeur Yolande de Béla IV, nommée Elisabeth, vénérée comme bienheureuse en Aragon. Cette oraison est la première dans son genre en Hongrie à faire mention des saints de la famille d'Anjou, Louis IX et Louis d'Anjou, évêque de Toulouse (ce dernier n'étant canonisé officiellement que quelques ans après), ce qui nous est d'autant plus important parce qu'il montre que pour justifier la cancidature de Charles pour le trône hongrois, on évoque comme argument non seulement qu'il est descendant de la maison d'Arpad mais, de plus, qu'il a des ancêtres saints soient-ils Arpadiens on non.( 10 ) Par la suite, Charles Robert aura une grande vénération pour ses aieux saints. Il fait inhumer sa deuxième femme, Béatrice, en 1320, à Nagyvárad (Oradea), près de la tombe de Ladislas (DOMANOVSZKY 1937, 490) et six ans après, lors des obsèques de Sándor Nekcsei, qui auront lieu aussi en cet endroit, il se réfère à Ladislas comme son "prédécesseur saint" (Pór 1890, 26), et même sous Charles Robert la reconstruction de la cathédrale de Nagyvárad sera commencée. C'est aussi en cette période que le nouveau monument funéraire somptueux de Marguerite est achevé dans l'île des Lièvres, près de Buda (Lővei 1980, 211). À cela s'ajoutent les tentatives pour introduire en Hongrie le culte de Louis d'Anjou, saint familial des Angevins en 1325, un cloître franciscain fut fondé à itaque ad eiusdem regni status reformationem per sedem apostolicam destinait, cupientes super his omnibus salubre remedium adhibere, prelatorum, baronum et nobilium convocavimus generale concilium, in quo prelati et barones iidem communiter magnificum principem dominum Carolum, ex primorum sanctorum regum vera progenie propagatum, recognoverunt verum et legitimum regem Hungarie ас eorum dominum naturalem. .. PÓR 1885, 269. (10) Oratio S. Augustini Gazotti. Dicta in Campo Rakos pro Carolo. in: KERCSELICH 1776, 111-114. Je reproduis ici le raisonnement concernant les prédécesseurs saints de Charles Robert :... Sed Caroli juribus illud quoque, quod ipsius stemma, Coelo teste, ex Sanctissimis Regibus notris profluere comprobatur. Ut enim Bêla Quartus ipsius Proavus Elizabetham sororem, Germaniae, aliam Elizabetham ex alia sorore neptem, Hispániáé, Margaretham filiam, Dalmatiae (tanquam concivem meam, Tragurii nempe editam) Cunegundem, aliam filiam, Poloniae, sanctitatis gloriae syderibus insertas, produxisse laetatur; ita ex Maria Nepote Mater Caroli nostri, Ludovicum Sanctissimum Tolosae Praesulem, primo Italiae, in qua vitales hausit auras, Demum Galliae ex qua ad aeternitatis evolavit praemia, Caroli nostri fratrem, stirpem agnoscit suam Perinde sicuti Coelo, Terraeque acceptissimus, Francorum Regum praestantissimus Ludovicus Nonus, qui ab adolescentia sua ad ultimum usque spiritum, nunquam sibi, sed Christo miütavit regem nostrum Carolum, pronepotem suum. .. Lippa en son honneur dont la construction sera achevée en 1349 (DOMANOVSZKY 1937, 491; DERCSÉNYI 1941, 11). Le culte des saints familiaux se reflète bien aussi dans les noms donnés aux enfants de Charles Robert: on y trouve Ladislas, Louis, Etienne aussi bien qu'Élisabeth.( u ) Lors de ses funérailles à Székesfehérvár, Csanád Telegdi, archevêque d'Esztergom, dit son dernier adieu au monarque défunt, de la manière suivante: "Nous demandons donc, d'un coeur unanime, la grâce du Père toutpuissant pour notre Seigneur, le roi Charles, ... qu'il daigne mettre son âme aux rangs des saints et des confesseurs où se trouvent déjà les rois Etienne et Ladislas, de sorte que, comme il a vécu ici-bas entouré de gloire suprême, il puisse se réjouir dans la compagnie des anges dans l'audelà^ 12 ) Sous le règne de Louis, la représentation relative au culte des saints continue à s'épanouir et l'animatrice en est plutôt la reine mère Elisabeth, qui avec ses donations, ses fondations et son mécénat parvint à embrasser chaque culte de saints se rattachant, en quelque sorte que ce soit, à la cour des rois de Hongrie (DERCSÉNYI 1941, Sniezynska-Stolot 1979; 1981; MAROSI 1982; KOVÁCS 1982). À côté de la popularisation des saints issus de la maison angevine et arpadienne, d'abord il faut citer les travaux de construction d'une chapelle a Buda et ceux d'une église à Hatvan — destinées à propager le culte de saint Martin, populaire en Hongrie à partir du Xle siècle, en raison de son origine pannonienne — pour lesquelles la reine demandera, en 1349, après du Saint-Siège, une autorisation d'y accuellir des pèlerins et de concéder des pardons.( l3 ) En 1361 lorsqu'elle recouvre sa santé après une maladie, Elisabeth fait reconstruire l'église bénédictine de Csanád et fait faire une cercueil en vermeil, disparu au cours des siècles suivants, comme nouveau monument funéraire pour saint Gérard l'évéque martyr de saint Etienne. (MADZSAR 1937, 506; Ipolyi 1863, 125). Il est à supposer que c'était ce cercueil en argent doré qui servait de modèle à un autre cercueil en argent qu'Elisabeth de Bosnie, deuxième femme de Louis, fit construire, en 1377, pour y renfermer les reliques de saint Simon de Zara (MEYER 1894; DERCSÉNYI 1941, 46—47). Il faut enfin mentionner l'événement le plus impressionnant du culte des saints (11) Les fils de Charles Robert et de sa troisième épouse, Elisabeth de Pologne, sont les suivants: 1321. Charles (mort en bas âge); 1324. Ladislas; 1326. Louis; 1327. André; 1332. Etienne; leurs filles: Elisabeth et Catherine. Le rapport entre l'imposition du nom et le culte des saints de famille est signalé par LEVÁRDY dans la préface écrite pour l'édition fac-similé du Légendrier Angevin de Hongrie (1973,13-15). (12) SCHWANDTNER 1746, 170.: Imploranda ergo est unanimi consensu, dementia Dei omnipotentis, pro eodem domino rege Carolo; ut cum anima ipsius clementer dispenset, eidem indulgendo, et in numerum ipsius animan, ac coelum sanctorum confessorum omnium, ac regem Stephani et Ladislai, dignetur collocare; et prout quod in praesenti seculo, regali triumpho vixerit; ita etiam in futuro seculo, cum angelis valeat exultare. ... (13) Concernant le culte antérieur de saint Martin en Hongrie voir KIRÁLY 1929, 4—27; sur la construction de la chapelle Saint-Martin à Buda voir Kumorovitz 1963, 119 et du même auteur 1966, 9—25; la requête du pardon pour la fête patronale: BOSSÁNYI 1916 1/2 201—202. 59