Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 21. 1981 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1984)
Bronzes romains figurés et appliqués et leurs problémes techniques. Actes du VIIe Colloque International sur les bronzes antiques - Boucher, St.: Quelques figurines de bronze: Rosmerta, paredre de Mercure, et autres divinités gauloises. p. 35–37. t. XVII–XX.
interprétée comme une Mater. Elle est assise comme celle du Musée d'Annecy, et tient dans la main droite une patère; la main gauche est vide et pouvait porter une corne d'abondance. La coiffure est tout à fait inhabituelle : les deux coques qui apparaissent au-dessus du front et qui sont retroussées à leurs extrémités ne ressemblent à aucune couronne connue par ailleurs ; couronne, d'ailleurs, qui est inexistante, si l'on examine l'objet de près : les cheveux, qui s'épandent librement sur les côtés et à l'arrière, n'en portent aucune trace; pas de chignon comme nous en voyons habituellement sur les statuettes de la Fortune. Le style, qu'il s'agisse de cette chevelure et du vêtement, est nouveau aussi, très schématisé et décoratif, par ses lignes courbes tout à fait irréalistes. Il s'agit là, très certainement d'une déesse gauloise, à peine inspirée des schémas romains. Que signifie donc cet ornement inattendu sur la tête? Tout en restant prudent, il est permis de supposer qu'il s'agit d'ailerons stylisés, réunis à leur base. S'agit-il de Rosmerta ou de Maial On ne saurait l'affirmer, on ne saurait le nier. Ainsi, pour des centaines, pour ne pas dire des milliers de statuettes de Mercure découverts en Gaule, nous ne possédons que trois ou quatre figurines qui représentent sa parèdre en toute évidence. Peut-on alors suggérer qu'il s'agissait de deux domaines différents : celui de la pierre, proche d'une clientèle «gauloise», plus populaire, pour laquelle le culte de Mercure était lié à celui d'une déesse locale; celui du bronze plus proche des habitudes et cultes romains, où Mercure gardait une position plus indépendante, moins marquée par la religion locale? Le nombre même des figurations de Mercure dans le domaine du bronze ne peut que contredire cette proposition. Un cinquième objet (PI. XVII, 4) peut nous aiguiller sur une voie différente. On a découvert à Champoulet (Loiret), une statuette féminine, et son socle portant une inscription à Rosmerta (Joffroy 1978,798). La figurine est relativement banale: une couronne surmonte la chevelure; la main droite tendue et très aplatie devait tenir une patère (cf l'objet de Chamalières, ci-dessus, n°l); la main gauche présentait très probablement une corne d'abondance. Sans son socle, cette représentation aurait pris place dans l'innombrable légion des Fortunes bien connues en Gaule. Il devient alors évident qu'une bonne partie de ces dernières étaient moins impersonnelles que nous ne le croyons, et que sous des formes identiques ou très proches, elles pouvaient représenter des déesses différentes. Une découverte récente pour le domaine de la pierre (Bémont, 1969, 29 s.), nous conduit à une constatation semblable: sur une stèle représentant une déesse de même type à été gravée une dédicace à Rosmerta, à la demande, sans doute, du dédicataire (Braemer-Mallon, 1971); la même stèle aurait pu servir pour toute autre déesse de l'abondance, de nom différent. On fabriquait des images en série, et on ne les personnalisait qu'au dernier moment. Il est fort probable qu'il en était de même dans le domaine du bronze. Malheureusement la plupart des socles inscrits ont disparu. Mais nous pensons qu'il est certain que même sans ailerons, sans bourse, sans caducée, nombre de nos statuettes baptisées Fortune ou Abondance ont été en fait Rosmerta ou Maia. Il en est de même, vraisemblablement, pour d'autres déesses locales dont les noms ne nous sont plus connus. Quelques unes cependant, ont en un meilleur sort: Naria (PL XVII, 3) et Artio (PI. XVIII, 4)par exemple. Cependant elles ne nous sont connues que par leurs socles: le première (LEIBUNDGUT 1980, n°59), debout, n'a aucun trait particulier, sauf un noeud de vêtement sur la poitrine, qui ne permet aucune identification spéciale. La seconde, assise (LEIBUNDGUT 1980, n°60) ressemble à nombre de représentations de Mater (Faider-Feytmans 1948). Cette indifférenciation n'est d'ailleurs pas pour nous surprendre; elle apparaît pour d'autres dieux (BOUCHER 1976, 283). Et au nom de cette indifférenciation, nous pouvons supposer qu'une certaine Temusio, dont seul le socle est conservé (BOUCHER 1982, n° 141) devait avoir, à peu de choses près, la même apparence que ces autres divinités de l'abondance. Indifférenciation, mais confusion aussi. Nous citerons deux cas. Tout d'abord celui d'une «Fortuna» découverte à Mâlain (Côte d'Or); (PI. XIX, /)elle porte une inscription sans ambiguïté; mais elle est coiffée d'une bizarre couronne murale (Roussel, 1978); sans son socle, nous l'aurions classée dans la catégorie, bien difficile à définir d'ailleurs, des Tutelae. Ensuite une figurine de Minerve (Pi. XIX, 2) trouvée encore, dans le Puy-de-Dôme; son casque et son égide la définissent parfaitement, mais elle tient contre elle, à gauche, ce qui ne peut être qu'une corne d'abondance. Certes, elle a pris en Gaule certains des caractères des déesses de la fécondité (DUVAL 1976, 83), mais ce mélange reste curieux toutefois (BOUCHER 1977, n°37). Ainsi les Gaulois se sont montrés peu novateurs, pour ce qui concerne au moins les bronzes, dans la figuration de leurs déesses. Même Epona (PI. XX), avec plus ou moins d'habileté ou de naïveté, se réfère très probablement à un schéma grec (BOUCHER 1976, 163). Quelques statuettes de Fortune, assises, jambes croisées (PI. XIX, 3) (ibid. 174), sont encore, pour l'ensemble, proches des concepts classiques. Mais que penser de cette découverte en Bretagne (Sanquer 1973) où la déesse (PI. XIX, 4) porte un casque surmonté d'un panache soutenu par un cygne? Est-ce une Minerve locale? On l'a surnommée «Brigitte», du nom d'une déesse irlandaisse. Saurons-nousjamais son nom antique? Pas plus que ceux de dieux portant une oreille animale (BOUCHER 1976, 174). Diane-Arduina, ne nous est connue que par hasard (ibid. 161). Les dieux, finalement, montrent plus souvent davantage de personnalité. Ils sont plus nombreux à porter les bois de cerf (ibid). Sucellus, pour le vêtement et les attributs, est une création franchement originale (ibid. 164, et Boucher 1976). D'autres sont, tricéphale à Autun par exemple (BOUCHER 1976, 174), quadricéphale à Bordeaux (ibid. 121) ; mais nous ne savons pas quels sont leurs vrais noms, la plupart du temps. C'est cependant bien Jupiter-Taranis qui est chaudement encapuchonné à Strasbourg (ibid. 137). Ce sont là des diversifications locales, mais pour l'ensemble du domaine des bronzes, l'héritage gréco-romain est très largement prépondérant, sous une forme trop anonyme. Comme nous l'avons suggéré plus haut, nous pensons être plus proches ici du répertoire classique, accommodé certes à la mode gauloise, mais avec tant de prudence qu'il nous est souvent bien difficile d'en retrouver les traces. 36