Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 17. 1976 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1978)

Forschungsfragen der Steinskulptur der Arpadenzeit in Ungarn - Skubiszewski, P.: Quelques observations sur le portail roman de Tum (Lczyca). p. 121–142.

Si Ton revient maintenant au tympan de Tum, il se pose la question de savoir quelle est sa place exacte dans le développement de ce type de la Madone ou, pour être plus précis, quels prototypes ont pu inspirer son auteur. L. Kalinowski a insisté sur les res­semblances entre la miniature du „Book of Keils" et la Vierge de Tum. Il voyait dans cette dernière une „copie" d'une oeuvre de l'enluminure, dérivée quant à elle de l'art irlandais (1952, 199, 223, 226). Cette explication nous paraît douteuse. Tout d'abord, il serait difficile de démontrer que l'art monumental du continent européen du XII e siècle ait repris un quel­conque type iconographique irlandais important. Ensuite, et cela nous paraît essentiel, le tympan de Tum rélève une maturité de forme et d'iconographie qui fait penser non à un emprunt aux arts mineurs mais, au contraire, à une composition originale, appartenant au monde du décor monumental et enracinée dans les procédés des tailleurs de pierre. Il faut surtout voir la Vierge de Tum dans le contexte de la composition entière du tympan. Mis à part sa signification théologique plus profonde (WALICKI 1938, 50)( 9 ), le groupe appartient au vieux thème iconographique de la „Regina Angelorum" (RADEMACHER 1972) qui, au XII e s. précisément, a connu à l'Occident son plus grand renouveau (RADEMACHER 1972, 69). Sur les tympans il était représenté, presque sans exceptions, dans sa formule la plus simple où la Vierge à l'Enfant n'était assis­tée que de deux anges. Tum appartient donc à un schéma iconographique courant( 1() ). L'exemple le plus ancien, datant du milieu du XII e siècle, se trouve dans le portail de droite de la façade O. de la cat­hédrale de Chartres (ibid., 69). La „Regina Ange­lorum" a fait ensuite apparition avant 1200 sur les tympans des autres régions de la France, en Espag­ne, en Allemagne du Sud, et en Italie (ibid., 70) où, à en juger d'après les monuments qui subsistent, elle aurait été introduite dans les portails plus tard qu'ailleurs (S. Maria Maggiore à Monte San Angelo, 1198). Mais tout porte à croire qu'elle était apparue dans la sculpture italienne bien avant la fin du siècle. Mis à part de nombreux exemples qui témoi­gnent d'une assez large diffusion du thème dans l'enlu­minure à partir du commencement du XII e s., la „Regina Angelorum" est déjà connue par un chapi­teau de la cathédrale de Parme (PI. IX, 1), donc par le décor architectural du premier quart du siècle (9) M. Walicki a découvert dans cette scène une formula­tion annonciatrice de la Vierge de Pitié. En repre­nant cette interprétation, L. Kalinowski, a vu à Turn non seulement une des Madones qui ont pré­paré l'iconographie de la Vierge de Pitié (1952, 199) mais aussi l'une des images les plus significatives où se trouvent réunis les thèmes de l'Enfance du Christ et de l'Annonciation de sa Mort (ibid., 223). (10) Le sujet de cet article se limitant aux problèmes de la forme, nous ne pouvons pas nous arrêter plus lon­guement ici aux questions iconographiques. Dans son livre récent sur l'ange dans l'art roman, A. STAPERT 1975 passe sous silence ce type iconographique. (QUINTAVALLE 1974, 145, 327, no. 28); on la retrou­ve, ensuite, sur deux pièces réalisées hors d'Italie, mais inspirées par des modèles italiens et très vrai­semblablement exécutées par des sculpteurs venus de ce pays: le tympan de l'église de Studenica en Serbie, de la fin du XII e s. (RADEMACHER 1972,52) et un tympan conservé au Museum Carolino Augusteum à Salzbourg, dont la date est controversée, mais qui ne nous semble guère postérieur à 1200 (PI. IX. 2) (ibid., 73-74; FRANCOVICH 1952, 464, n. 120; STAF­FER 1977, no. 491). Ces deux derniers reliefs où le thème iconographique de la „Regina Angelorum" s'exprime dans une composition déjà si bien adaptée aux exigences du décor d'une porte, n'ont pas pu être conçus sans que l'auteur recoure à une tradition italienne antérieure. L'image de la Vierge à l'Enfant assistée de deux anges, — et à ce propos le portail de Tum doit être de nouveau invoqué —, s'accorde perfaitement avec les compositions des plus anciens tympans à figures de l'Italie du Nord, en particulier, dans la région du Pô moyen. Un groupe de trois personnages ressor­tant de la surface lisse du fond, telle était la forme courante de leur décor avant que ce schéma extrê­menent simple ne fût remplacé par les compositions plus complexes, issues des ateliers de Niccolô à Vérone et à Ferrare (Krautheimer-Hess 1928, 260, 265 ; Robb 1930, 400, 412) et de Benedetto Antelami à Parme (FRANCOVICH 1952, 192, 244). Parmi ces tympans à trois personnages figurent aussi des pièces ayant en leur centre la Vierge à l'Enfant: à Cadeo et à Castellarquato (PI. IX. 3) tous deux de la première moitié du XII e s. (QUINTAVALLE 1969, 90 — 92; Quintavalle 1973, 57; QUINTAVALLE 1974, 186, n. 163). A Castellarquato l'un des personnages qui assistent la Vierge est un ange. A Tum, le corps de l'Enfant Jésus est relativement grand par rapport à la figure de la Vierge. Ce trait frappant, lui aussi, ne peut être expliqué, nous semble­t-il, que par la dépendance étroite de l'oeuvre polonaise de la sculpture italienne (FRANCOVICH 1952, 22, 248). On peut citer une longue série de Vierges de l'Italie du Nord, en particulier de la région du Pô moyen qui trahissent cette caractéristique: la Madone modenaise de Zurich (Kunsthaus) déjà mentionée (PI. VIII. 3), les tympans de Cadeo et de Castellar­quato (PI. IX, 3) à peine nommés, deux reliefs à Reggio Emilia (Museo Civico ; PI. X. 1) (FRANCOVICH 1952, 498), une plaque servant de clef d'arc dans la nef de la cathédrale de Plaisance (COCHETTI PRATESI 1975, 66), la „Madonna di Carpi" (Modène, Museo Estense) (Krautheimer-Hess 1928, 250; SALVINI 1956, 74 ; FRANCOVICH 1952, 391) une statue à Boston (Museum of Fine Arts) (SWARZENSKI 1959, 65; Cahn 1970, 69 — 70) et un relief à Londres (Victoria and Albert Museum; Pl. X, 2) (POPE — HENNESSY 1964, no. 27, pl. 38). Les Vierges romanes d'Italie n'ont pas été égalées en ce qui concerne la diversité de leurs poses et des relations entre la Mère et l'Enfant. Les oeuvres que nous venons de citer en donnent la meilleure preuve 125

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