Fitz Jenő (szerk.): Forschungen der Steinskulptur der Arpadenzeit in Ungarn - István Király Múzeum közelményei. A. sorozat 24. A Pannon konferenciák aktái 3. (Székesfehérvár, 1979)

P. Skubiszewski: Quelques observations sur le portail roman de Tum (Leczyca)

rend tout classement assez difficile (Braunfels 1971, 181-182). La Vierge à l’Enfant de Tum n’appartient à aucun de ces types (Pl. II. 1). La frontalité rigide de la Mère est celle des Madones en majesté mais Jésus posé sur les deux genoux de la Vierge et qui, par sa position presque horizontale, coupe la figure de Marie, s’écarte visiblement de la représentation de l’Enfant dans chacun des quatre types. Il faut aussi souligner que, contrairement à la plupart des Vierges romanes, la tête de Jésus se trouve, dans celle-ci du côté droit de sa Mère. L. Kalinowski, lorsqu’il étudiait en 1952 les origines de la Vierge de Pitié, a eu le mérite de découvrir dans notre Madone un exemple remar­quable d’un type iconographique particulier, celui de la Vierge trônante avec l’Enfant posé ou assis sur les deux genoux de la Mère (1952, 189 — 203). On ne con­naît que quelques rares exemples de ce type que, seuls ont étudié L. Kalinowski dans l’ouvrage que j’ai à peine mentionné et, plus récemment, P. Bloch dans un article qui date de 1969 (Bloch 1969, 65—69; Bloch 1970, 6). Les Vierges avec l’Enfant posé ou assis sur les deux genoux de la Mère peuvent etre réparties en deux groupes. Le premier comprend les oeuvres préroma­nes : la miniature sur fol. 7 v° du Book of Kells (Dub­lin, Trinity College Library), (Pl. VIII. 1) (Kali­nowski 1952, 198; Bloch 1969, 67; Werner 1972, 1—23; Henry 1976, 186 — 188, pl. X.), une Madone gravée sur le reliquaire de Saint Cuthbert à Durham (Kitzinger 1956, 228; Bloch 1969, 67; Werner 1972, 3; Henry 1976, 187), les Vierges en relief sur les croix monumentales irlandaises et écossaises (Monas­­terboice, Iona) récemment rapprochées de la minia­ture du Book of Kells par F. H e n r y (1976, 187), la statue en bois recouverte de lames d’or dans l’anci­enne abbaye d’Essen (Pl. VIII. 2) (Kalinowski 1952, 199; Bloch 1969, 65 — 69; Bloch 1970, Wesenberg 1972, 17 — 18, 95—96), la Vierge de l’Adoration des Mages sur la porte de bronze de la cathédrale de Hil­­desheim (Wesenberg 1955,78, Abb. 169 ; Wesenberg 1972, 18) et une statue en bois, recouverte de lames d’argent, dans l’église Saint-Materne à Walcourt (Kalinowski 1952, 199; Bloch 1959, 65; Wesenberg 1972, 91, 110; Didier 1973, 410)(6). Le second groupe, composé d’oeuvres romanes, n’est représenté que par deux exemples : un relief de pierre provenant du mi­lieu modenais, aujourd’hui à Zurich (Kunsthaus; (Pl. VIII. 3) (Kalinowski 1952, 199; Frankovich 1952, 22 et 20, n. 13 ; Salvini 1956, 156) et le tym­pan de Tum. L. Kalinowski, qui examinait ce type sous l’aspect des origines de la Vierge de Pitié, a justement placé toutes ces Madones dans la vaste perspective de l’image archétypique de la mère qui tient l’enfant sur ses genoux (1952, 189). Cette image remonte à l’art méditerranéen archaïque, classique et (6) Encore une autre Vierge à l’Enfant, celle de la Fuite en Egypte sur la porte de bois de la Sainte-Marie-au-Capitole à Cologne, peut être également classée parmi les exemples du type (Bloch 1970, 6). hellénistique. Dans l’antiquité, elle s’est peut-être le mieux exprimée dans une urne cinéraire étrusque ayant la forme d’une femme assise tenant l’enfant sur ses genoux (provenant de Chianciano, aujourd’hui: Florence, Museo Archeologico) (Pl. VIII. 4) (ibid., 191 ; ZSCHIETZSCHMANN 1969, XXXVI; H. SwARZENSKI 1959, 74)(7). L. Kalinowski a aussi mis en relief la parenté étroite entre nos Vierges et l’image de la femme allaitant son enfant dont les représentations d’Isis avec Horus forment le groupe iconographique le plus homogène (Kalinowski 1952, 194, 224). Parmi les oeuvres les plus proches du type de la Vierge qui tient l’Enfant sur les deux genoux, on relève une statue de pierre au Musée de Berlin-Dahlem (PI. VIII. 5) (Metz 1966, No. 9; Bloch 1969, 66) et un relief en or au Musée du Louvre (Müller 1963, 31). Dans ses études récentes sur les Vierges du „Book of Kells”, d’Essen et de Walcourt, P. Bloch, qui ne se réfère pourtant pas aux recherches de L. Kali­nowski, est arrivé aux mêmes conclusions sur la filiation de ces oeuvres préromanes par rapport à l’image antique d’une déesse allaitant son enfant (Bloch 1969, 65-69; Bloch 1970, 6). L’Eve de la porte de bronze de Hildesheim est l’un des exemples qui attestent de la longue survie de la représentation antique du thème de la mère nourricière (Kalinowski 1952, 194; Bloch 1969, 66). Il faut noter que dans cette représentation, aussi bien que dans l’image voi­sine de la Vierge (Wesenberg 1955, 78; Guldan 1966, 18; Wesenberg 1972, 18), l’Enfant est posé presque horizontalement sur les deux genoux de sa Mère. II est donc fort probable que la Vierge allaitant l’Enfant a aussi contribué à la formation de notre type de la Madone (Bloch 1969, 66 — 67; Werner 1972, 4 — 7). La Galaktotrophousa a fait son apparition d’abord en Egypte copte et l’on admet qu’elle dépend de l’iconographie locale d’Isis (Wellen 1961, 164; Lange 1969, 30; Bloch 1969, 66, n. 11). Que la posi­tion horizontale (ou presque) de l’Enfant reposant sur les deux genoux de sa Mère fut attachée au thème de l’allaitement, cela se trouve confirmé dans une longue série de Madones italiennes du Trecento con­nues sous le nom de „Madonna dell’Umiltà” (Meiss 1951, 132; Shorr 1954, 66; Kalinowski 1952, 202). Il suffit d’en citer un exemple, le tableau attribué à Orcagna et à Jacopo di Cione (Pl. VIII. 6) h la National Gallery of Art de Washington (K. 1363) (Shapley 1966, 31 —32)(8). (7) H. Swarzenski a souligné l’importance des statues de ce genre pour la formation de l’image de la Vierge à l’Enfant dans la sculpture romane de l’Italie. (8) Il faut noter que le type de la Vierge avec l’Enfant posé sur les deux genoux a été ensuite repris dans l’art italien du XVe s. dans l’image de Marie avec Jésus endormi. Comp. le relief lombard de la premi­ère moitié du XVe s. auMusée Victoria and Albert de Londres, la Pala de Piero della Francesca à la Galerie Brera de Milan et un tableau de Giovanni Bellini à l’Académie des Beaux-Arts de Venise (Kalinowski 1952, 250-252; Pope - Hennessy 1964, no. 394; Meiss 1954, 97-100; Bottari 1963, 73). 40

Next

/
Thumbnails
Contents