Janus Pannonius Múzeum Évkönyve 22 (1977) (Pécs, 1978)

Művészettörténet - Németh, Lajos: Tivadar Csontváry Kosztka: Le puits de Maria a Nazareth

354 LAJOS NÉMETH foyer d'idée et de forme, à la position centrale de Marie et au fond ayant la forme de lune, c.-à.-d. au monde symbolique d'entre les deux pôles. Le foyer central du tableau est Marie. Csontváry a introduit le mythe et l'iconographie chrétiens dans le système de symboles de sa propre mythologie. La signification de la figure de Marie, rattachant le lieu et le tamps sacrés au lieu et au temps réels, est multiple. D'une part, elle est la Vierge Marie, indiquée par le lys à la main des adorants. D'autre part, elle est la mère, symbole de la source de vie et de la terre fertile. Dr. Jenő Pertorini a dé­montré dans sa patographie sur Csontváry que le tableau est entremêlé du motif de la lune: Marie est la maîtresse de la lune. La lune a son rôle déjà dans l'iconographie chrétienne parmi les autres attributs iconographiques de Marie; dans d'autres mythes et dans l'alchimie elle est liée à l'eau et à la mer. Les astres occupent une place particulièrement importante dans la mythologie spéciale de Csont­váry, et la lune a aussi son rôle caractéristique. Elle était présente sur ses tableaux précoces (Pleine lune à Taormina), et sur son tableau représentant la promenade en voiture à Athene elle portait déjà un certain sens mythique. Sur ce tableau il y a plu­sieurs motifs associant unanimement la pleine lune ou son arceau (l'arc de la fontaine, le mur de fond, la tresse de Marie). Les sens symboliques de la lune dans les mytho­logies sont différents et pareillement à l'évoca­tion d'images d'archétype sur ses tableaux de cèdre il a coordonné, sur ce tableau aussi, plusieurs sphères de sens, d'anciens symboles, et il les a introduits dans le système de symboles de son monde mythique. En général, la lune comme astre, reflétant la lumière du soleil et changeant de forme, se formant et renaissant à travers plusieurs phases, — est le symbole de l'essence de la femme: de la périodicité, de la transformation, de la renaissance «continuelle, de la croissance et du rythme biologi­que. La lune, comme la première morte, est le sym­bole des modifications de l'existence, la transition de la vie à la mort, ainsi que de la mort à la vie. Elle a encore son rôle en tant que symbole de la reconnaissance reflective et de la beauté. Elle est en rapport avec les eaux, amène la pluie, elle est le symbole de l'abondance et de la source. Dans la mythologie hindoue elle est en même temps signe de la porte du ciel et de l'enfer. Son rapport avec la mer est général, elle est maître du flux et de reflux. Dans le mythe hébraïque elle est le sym­bole du peuple juif; dans le mythe sémite elle joue un rôle important, étant bienfaiteur et dirigeant des peuples nomades du désert et des caravanes. Dans la psychologie des profondeurs, elle est le signe du rêve et de la subconscience. Dans l'alchi­mie elle est en rapport avec l'eau, l'humidité, le froid, et on pourrait encore continuer d'énumérer ses anties sens symboliques. Csontváry n'a connu que très peu les mythes et les sens symboliques de la lune, quoiqu'au temps de la peinture du „Le puits de la Vierge" il ait pu déjà faire la connaissance des écrits théosophi­ques et des mythes de l'Orient. Ce qui jouait un rôle plus important, c'était son intuition incom­parable pour les symboles archétypiques. La lune et l'eau, le sable agité comme la mer, en tant que symbole des routes et des eaux, Marie comme la Vierge chrétienne et symbole du féminin, de la fécondité, de la source de la vie, ont certainement motivé — consciemment ou inconsciemment — la sphère de significations de son tableau. C'est ce qui motive la conception symbolique des fenêtres derrière Marie, ainsi que la mise en relief de l'autoportrait caché. Cette figure versant de l'eau n'a pas seulement la tâche de verser de l'eau la source de vie pour les vivants, mains encore sa figure forme le pont entre la sphère transcenden­tale, le monde des mythes et la vie terrestre quotidienne. Csontváry Г a pris consciencieuse­ment à tache, même il y trouva sa vocation. La symbolique du tableau nait de sa vision cos­mique. En même temps elle rentre dans son inter­prétation [de symboles], des symbolistes, des pré­rafaelistes et de l'art nouveau, puisque la source de vi& et Marie, comme symboles de sens multiples étaient des sujets préférés de l'art du tournant du siècle. Le style du tableau comprend de nombreux éléments du postimpressionisme. La manière de voir, analytique de l'impressionisme était suivie de la recherche du style, de l'envie de synthétiser du postimpressionisme, ne mentionnons que les grands projets de composition de Cézanne et de Gaugin. C'est à ces projets qu'on peut comparer le tableau de Csontváry, comme un des exemples les plus excellents de l'art cherchant un style homo­gène qui embrasse les principes du symbolisme et du synthétisme.

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