Janus Pannonius Múzeum Évkönyve 22 (1977) (Pécs, 1978)

Művészettörténet - Németh, Lajos: Tivadar Csontváry Kosztka: Le puits de Maria a Nazareth

TIVADAR CSONTVARY KOSZTRA: LA FONTAINE DE LA VIERGE À NAZARETH LAJOS NÉMETH Csontváry a exécuté ce tableau en 1908, c'est-à­dire bien après le Baalbek que l'on considère comme son chef-d'oeuvre, bien après les grands tableaux de Taormina et du Tatra, etcenxes deux cèdres. L'exposition de ses toiles à Paris avait remporté un triomphe, du moins le croyait-il. Il a donc achevé les „grands motifs" et prouvé par là même que la vocation mystique de sa jeunesse n'était point une pure fantaisie puisque voilà sa mission accomplie. „Le puits de la Vierge à Na­zareth" se voulait une sorte de clef, synthèse de son style. Autrefois une céleste lui avait annoncé qu'il surpasserait Raphaël. Il devait donc choisir un sujet qui rende déjà possible le parallèle, qui se prête à la comparaison. L'idée de peindre une scène pareille à celle qui fut déjà mainte fois traitée par les peintres de la renaissance et du baroque, surgit en lui plus tôt: au temps de sa lutte avec la grande toile du. Tatra. Mais il ne se sentait pas encore assez mûr pour réaliser des tâches monumentales, et il continuait à fréquenter les musées. Gêné par l'imagination extravagante des maîtres baroques, il a décidé de partir pour Bethléem pour étudier sur place le lieu de naissance de Jésus et de peindre, à la base de ses impressions personneles „un tableau qui aurait un retentissement universel". Quoique le lieu ne lui ait point plu, le sujet biblique ne cessa pas de l'occuper. Ce ne sont pas seulement des tableaux comme „Le Sauveur priant" et „La Passion" qui le prouvent, mais aussi cet autre, de petites dimen­sions celui-là: „Compagnie traversant un pont", dont un des motifs doit certainement remonter à la scène de la „Fuite de l'Egypte". Son chef­d'oeuvre parmi les toiles qui s'inspirent de la my­thologie chrétienne est „Le puit de la Vierge". C'est une oeuvre vraiment synthétique où se re­flète dans toute sa pureté sa vision du monde ren­fermée dans une mythologie particulière. Ce motif, la fontaine qui porte le nom de Ma­rie, existe encore au bord de la ville de Nazareth; il est bien transformé, même son entourage a beau­coup changé. Les descriptions de la fin du siècle dernier prouvent que la fontaine de jadis ressembla essentiellement, topographiquement et dans sa structure, à celle du tableau de Csontváry. La pein­ture reflète un moment de la vie quotidienne autour de la fontaine: femmes et jeunes filles puisant de l'eau, remplissant et emportant leurs cruches, des figures faisant la lessive, abreuvant les bestiaux et, parmi les figures de la scène réelle et quotidienne, apparaissent Marie avec l'Enfant et quelques autres figures adorant la Vierge, mais l'échelle de ces derniers est sensiblement différente de celle des autres. Le mouvement et la position de Marie la distingue quelque peu de ceux qui s'agitent dili­gemment autour de la fontaine; elle a tout de même un certain rapport avec la figure près d'elle qui verse de l'eau dans un abreuvoir. Malgré cette distinction, visuellement parlant elle fait partie in­tégrante de la scène d'autour de la fontaine. Sur le tableau se rencontrent deux sphères et deux di­mensions de temps : le monde mythique et „l'intem­porell", représenté par la Vierge et la réalité con­crète de la vie quotidienne dans sa dimension de temps concret. Le tableau de Csontváry a réuni organiquement ces deux réalités et dimensions de temps. Et il le fait par la réalisation d'une unité de la composition et du système enchevêtré des sens et de l'importance des motifs. La toile est monumentale: 3,80x5,50 m,- elle a presqu'une dimension de panorama. Elle concentre dans un cône visuel la scène faisant défiler vingt figures, des animaux, des éléments de paysage, mais il n'oublie pas d'éliminer la déformation de pers­pective qui est une conséquence de la grande di­mension. A l'intérieur du cône visuel, elle déve­loppe une structure compliquée, exigeant une "lec­ture" continue de la peinture, parce que la succes­sion des motifs, leur rapport à l'ordre de la com­position et à la sphère de significations y déployées est plusieurs fois déterminée. Quoique ce soit la vie mouvementée de tous les jours qui se déroule autour de la fontaine, il n'y s'agit pourtant pas d'un récit proprement dit, ni de la représentation d'un laps de temps, la pein­ture fixe des événements simultanés, elle géné­ralise un moment de la vie quotidienne autour de la fontaine. Dans cette simultanéité le facteur du temps symbolique se rattache à la figure de Marie et aux autres figures en adorantion. Par moyen de la composition des couleurs du tableau, basée sur les couleurs complémentaires, les figures en ado­rantion font partie intégrante de la scène, elles ap­Janus Pannonius Múzeum Évkönyve (1977) 22, p. 347—354. Pécs (Hungária), 1978.

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