Janus Pannonius Múzeum Évkönyve 17-18 (1972-1973) (Pécs, 1975)

Művészettörténet - Hárs, Éva: Kmetty János művei a Janus Pannonius Múzeumban. (Gyűjteményismertetés)

272 HÁRS ÊVA vérité picturale. Au cours des ses compositions il s'empare de pas à pas, d'un tableau à l'autre, du motif choisi et il le forme jusqu'à ce qu'il arrive à la conception la plus pure de l'expression pic­turale. Au cours de cette action il passe souvent du simple vers le plus compliqué, sans s'éloigner du principe fondamental du départ et sans renon­cer au processus de l'éclaircissement. L'ordre à l'intérieur d'un même tableau se construit orga­niquement dans l'unité plus grande d'une série de variations. Parmi ses oeuvres de jeunesse de notre Gale­rie, il nous faut insister sur son huile „Nature morte aux pommes, aux tournesols" (tableau 8). Ce tableau l'exemple classique de la conception de la nature morte de Cézanne, est l'un des ta­bleaux prééminents de l'oeuvre de Kmetty. Le centre de la composition presque quadratique est rempli par une table en vue de dessus, sur la­quelle c'est le motif du grand bouquet de tourne­sols, placé dans une cruche, qui attire l'attention. A ce motif de fleurs plaisant est pourtant équiva­lent le petit panier plein de pommes, placé au centre du tableau, et il apparaît avec tout cela ensemble le motif habituel de la nature morte, jeté sur la nappe: la serviette de table avec des pommes dispersées sur celle-ci et auprès d'elle ou sur le plateau de la table. La composition est fer­mée, sa conception est rationnelle, son atmos­phère pourtant lyrique, son coloris — violet har­monieux. De ses peintures des années 40 sur le sujet de nature morte on peut relever encore une autre, plus simple, ayant une conception plus puritaine que la précédente, celle qui porte le titre: Nature morte -wee cruche verte (tableau 14). Dans celle­ci est également déterminante la vue de dessus retenant l'essentiel pictural au centre. Ce qui do­mine cette fois-ci, c'est la nappe à liteaux, jetée au centre de la table, sur laquelle les pommes sont placées dans un plat à pied. Derrière le plat est la cruche vide, sans fleurs, elle à pourtant un rôle important dans son rapport au plat: elle sert de contrepoint de forme et de couleur. Ayant jeté légèrement la nappe et les pommes dispersées sur le plateau de table, l'artiste devait avoir l'inten­tion d'assurer le contraste de l'agitation inquiète dans l'ordre géométrique sévère de la composi­tion. Les couleurs sont claires ici aussi, les bleus sont enrichis des jaunes et des verts. Ce motif de nature morte figure sur plusieurs des tableaux conservés dans notre musée. Eux tous documentent que, dans la main de l'artiste, le motif n'est qu'un moyen de forme pour ex­primer le sujet visuel recherché. Les pommes, les poires pourraient être également des globes ou des pyramides; l'idée artistique ne se porte pas à leur existence matérielle ou de fruit, mais plu­tôt à leur rôle dans le tableau. Ce rôle est subor­donné à l'élément essentiel du tableau: à la com­position. Sur les tableaux de János Kmetty toutes les lignes et couleurs sont des accessoires orga­niques de la composition conçue. Un ordre de fils invisibles unit les détails du tableau, ainsi que dans leur unité tout reçoit la même importance, rien n'est à ommetre ; en même temps chaque dé­tail, relevé de l'entier, forme une unité complète. Cette contradiction apparente s'ensuit de la vo­lonté de János Kmetty de rechercher le porteur intérieur du sujet derrière la forme extérieure, et de le retrouver avant tout dans l'ordre de cons­truction, dans la structure du tableau. — Pourtant il n'est point accidentiel que Kmetty arrange — au lieu de placer des cubes et des globes — des pommes, des cruches et des fleurs dans une na­ture morte, et il est aussi résolu de ne jamais pla­cer ces motifs dans le vide, mais toujours dans un milieu réel. C'est alors la vue de la réalité qui lui sert d'événement pictural. Cependant au cours de la réalisation du tableau, l'artiste fait jusqu'à un certain point l'abstraction de la vue et révèle quelques régularités cachées. Parmi les natures mortes mentionnées ci-dessus, celle qui porte le numéro 2 va le plus loin à cet égard. La composition est construite conséquemment à l'aide des plans, le bloc des corps est divisé en plans. Les proportions du champ et de la masse se peignent par l'alternance des formes et des couleurs positives et négatives. Quoique ces pro­portions, décompositions de formes ou de couleurs et leurs rapports soient mis à place dans un ordre calculé, ils s'y rangent pourtant dans un tableau vivant, mouvementé. L'un des secrets de cette animation se trouve, peut-être, juste dans la représentation-plane de cette nature joueuse, mieux dit: apparemment joueuse, qui n'est que l'ordre régulier des surfaces. L'artiste — suivant les principes de la composition cubiste — étend à plat la surface des corps. Il fait voir à la même vue et ensemble le côté et le plateau de la table, la gueule de la cruche, la surface intérieure et extérieure des plis agités de la serviette. Cette manière de „faire voir ensemble et en même temps" exige une composition tenant à l'essen­tiel, une structure serrée et un ordre sévère. Le regard peut ainsi apercevoir à la fois l'harmonie et le sujet sentimental et rationnel du tableau. En effet, il faut ranger parmi les natures mor­tes tous les tableaux mettant en relief un détail de l'intérieur, en plupart le chevalet de l'artiste ou un des meubles de sa chambre. C'est un détail de chambre, ou l'ensemble des effets usagers, arrangés sur un meuble, qui occupe la place des motifs traditionnels de fleurs ou de fruits. Par conséquent, ce n'est pas seulement dans la dis­location des plans et des champs, et dans leur composition géométrique que János Kmetty res­tait fidèle aux principes du cubisme, mais encore

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