Fekete Nagy, Antonius – Makkai, Ladislaus: Documenta historiam Valachorum in Hungaria illustrantia, usque ad annum 1400 p. Christum. (Budapest, 1941. Études sur l'Europe Centre-Orientale. 29.)

nombreux dans les propriétés privées oú leurs droíts civiques subirent, conformément aux circonstances locales et á la vo­lonté du seigneur, certaines modifications. Le kénéze établi dans une propriété privée n'était plus l'agent du roi; il était l'employé du seigneur de qui il avait re?u la mission de conduire les af­faires des Roumanis communs. II n'avait plus donc la perspec­tive de s'élever dans la hiérarchie sociale par la faveur du roi. Le Roumain commun soumis á l'autorité d'un propriétaire terrien payait des impőts non seulement au roi, mais á son seigneur aussi. Ainsi il connut de nouvelles contraintes dans son état juridique. Au cours du XIII e et du XIV e siécles certains cháteaux-forts royaux, les domaines y appartenants et les Roumains y établis passérent, un á un, á titre de don, aux mains des seigneurs, et souvent aux mains des kénézes anoblis. Ce mouvement prit au XV e síécle des proportions si considérables que pour le commencement de l'ére moderne les organisations politiques des Roumains, ga­ranties par l'autorité des rois, disparurent presque toutes et les Roumains de Hongrie se divisérent en deux classes sociales: celle des nobles et celle des serfs. Le droit roumain dépérit lui aussi puisqu'au cours du XIV e siécle les seigneurs obtinrent le droit d'exercer la juridiction sur leurs serfs. Quand les historiens roumains accusent les Hongrois d'avoir causé la décomposition de la société roumaine autonome et d'avoir préparé la déchéance des masses roumaines dans la condition de serfs, condition désavantageuse du point de vue économique, 36 ils oublient que la grandé évolution sociale qui se termina á la fin du XIII e siécle réduisit au servage la majorité des Hongrois aussi. Sans considérer quelle faute grossiére on commet en vou­lant juger d'aprés les idées d'un homme moderne les conditions sociales et les institutions du passé répandues alors partout en Europe, nous devons constater que ceux qui, dans ce cas, s'in­géniuent á établir les responsabilités des Hongrois, ignorent l'évo­lution historique et agissent en vue d'atteindre des buts politi­ques. La cause principale de la décomposition de la société rou­maine est á trouver dans l'ambition naturelle des kénézes de s'éle­ver dans la hiérarchie sociale. La forme d'existence de la no­3 4 Cette hypothése ne manqua pas d'influencer la maníére de voir des savants de l'Occident. Voir: RW. Seton-Watson: Histoire des Roumains, Paris, 1937. p. 114.

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