Folia archeologica 43.
Tibor Kemenczei: Korai szkíta típusú nyílhegyek Kelet-Magyarországon
ANALYSE DES CEINTURES ÉMAILLÉES 109 met de noter le développement des motifs émaillés rectilignes sur ce type d'objets ce qui renforce la spécificité des motifs curvilignes ornant certaines des ceintures hongroises. Vraisemblablement, ces motifs curvilignes poursuivent la décomposition de l'esse initiale déjà amorcée, au courant du IVème siècle av. J.C. , sur les torques à disques (groupes B. et C. de F. Müller), (fig. 5). Le motif de l'esse est réservé dans le métal tandis que l'émail joue le rôle de fond, suggérant deux demi-esses dans le cas de Vezseny-Kisdebrecen et une demi-esse pour Bonyhád-vidéke (fig. 6,1 -2). La demi-esse et la pelte peuvent être simplement esquissées par le motif en métal; mais, dans ce cas, le fond émaillé ne représente plus l'esse en négatif: un autre motif est alors figuré en émail et il est propre à l'objet (fig. 6, 3-5). Le phénomène est encore accentué avec les maillons terminaux des ceintures de Bölcske-Madocsahegy, Cece-Hardpuszta et Szentes où l'émail sert essentiellement à mettre en relief le motif de l'esse ménagé dans le métal (fig. 6,6-8). On notera cependant que, au milieu de ces motifs curvilignes, la ceinture de Karancslapujtő emploie ce même principe de double lecture, mais le motif est rectiligne (fig. 6, 9). Parallèlement, des motifs émaillés simples de formes géométriques (cercle, ovale, triangle, rectangle, croix) se développent et sont souvent associés aux motifs plus complexes décrits ci-dessus ! L'émail joue alors son rôle décoratif initial : le motif seul est émaillé et, par sa forme, n'esquisse plus un deuxième motif ménagé dans le métal. Le phénomène de la double lecture si magistralement mis en valeur sur la tige de certains torques à disques ou encore sur quelques-unes de ces ceinture provenant de Hongrie tend à s'effacer au profit de motifs simples et facilement lisibles. On peut donc dire que ces ceintures reflètent parfaitement les acquis décoratifs des IlIème-IIème siècles av. J.C. La couleur (rouge)prend toute sa valeur en produisant un effet semblable à celui provoqué par le relief. Ainsi que le suggère justement M. Szabó, «les esses et ses combinaisons ornent avant tout les éléments de jonction mais, dans ce cas, ce n'est pas le relief mais l'émail qui accentue la lecture» 1 1. Le contraste accusé du motif plein, qui accroche la lumière et s'oppose au creux laissé dans l'ombre, est cette fois donné par la couleur rouge de l'émail, contrastant fortement avec le support-métal en bronze doré. Le développement contemporain des motifs géométriques simples s'achemine, à un degré moindre il est vrai, vers le même but. L'effet décoratif reste semblable quant à son principe premier: l'opposition des formes et des matières, combinées entre elles, révèle ce paysage décoratif si propre à l'art celtique. A propos de la difficile question de l'affinage chronologique des trouvailles métalliques des IlIème-IIème siècles av. J.C., il faut remarquer que ces ceintures émaillées, complètes ou fragmentées, sont presque toujours des trouvailles anciennes sans contexte, sauf pour quelques exemplaires trouvés, plus récemment, dans des sépultures et en association avec d'autres objets. I. Stanczik et A. Vaday ont déjà souligné cet état de fait, peu propice à l'établissement d'une chronologie plus détaillée pour cette 1 1 M. Szabó, «Contribution au porblème du style plastique laténien dans la cuvette des Carpates», Acta Archaeologica Academiae Scientiarum Hungaricae 41,1989, p. 17-32.