Folia archeologica 43.
Tibor Kemenczei: Korai szkíta típusú nyílhegyek Kelet-Magyarországon
ANALYSE DES CEINTURES ÉMAILLÉES 105 de résine. Mais, à la même époque et souvent sur le même objet, ce verre opaque rouge est utilisé à chaud, selon la technique de l'émaillerie. Dans ce cas, une cavité est ménagée dans le support et le verre adhère à celui-ci par l'action de la chaleur grâce au passage au four. Les artisans celtes ont émaillé essentiellement le bronze et le fer et, pour les ceintures à maillons métalliques, seul le bronze est concerné. Mais le verre ainsi que le métal subissent l'action du temps et, lorsque la cavité est trop importante comme c'est le cas pour certaines ceintures (Bölcske-Madocsahegy, Cece-Hardpuszta, Szentes), l'émaillage a presque totalement disparu. Un examen de l'objet à la loupe binoculaire (X 10) permet de discerner les traces d'émaillage et d'affirmer que la cavité a effectivement été entièrement émaillée. D'ailleurs, les stries préparatoires du métal, facilitant L'adhérence du verre au métal, sont chaque fois visibles. Enfin, il n'est pas toujours facile de bien faire la distinction entre le véritable émail et la corrosion du métal lorsque l'objet présente un décor en creux rappelant celui des cavités émaillables. Sur l'un des maillons de la ceinture de Szentes, la corrosion de la surface du métal est de couleur rouge et peut être confondue avec de l'émail rouge altéré. 7 Le verre opaque rouge utilisé avec prédilection par les artisansémailleurs celtes est un verre silico-sodo-calcique contenant de 5 à 10% de cuivre et de 20 à 50% de plomb. Ce verre contient également du magnésium, de l'aluminium, du potassium et du fer (fig. 2). La composition, à l'exception de la teneur en cuivre et en plomb, montre que ces verres sont analogues à ceux de la période de la Tène 8. Aux IllèmeIlème siècles av. J.C., d'autres couleurs existent en verrerie, mais ces couleurs ne concernent que les bracelets, perles et anneaux. Manifestement, le verre opaque rouge était réservé à l'émail et ne fut pas utilisé en verrerie. Ce verre opaque rouge est caractérisé par son procédé de coloration: il contient des cristaux d'oxyde cuivreux, dispersés dans la matrice vitreuse incolore. L'oxyde cuivreux, en effet, se dissout dans le verre à haute température et, lors du refroidissement, se précipite, entraînant la formation de cristaux. Dans la plupart des cas, ces cristaux ont une morphologie dendritique, c'est-à-dire ramifiée, qui peut être équiaxe ou colonaire (fig. 3). La brillance de la couleur et son intensité sont dues à une bonne suspension des cristaux dendritiques dans la matrice vitreuse qui, elle, n'est presque pas colorée, voire incolore. La lumière ne passe pas au travers de la matière car elle est diffusée par les cristaux de cuprite. L'ajout de plomb réduit les tensions à l'interface émail-métal grâce à la modulation du coefficient d'expansion de la matière vitreuse qui, en refroidissant, se rétracte toujours un peu. Les liaisons chimiques entre émail et métal se font à haute température (600-800 °C/700-900 °C); et un faible pourcentage de plomb est déjà suffisant pour que l'émail adhère plus facilement au métal. En ce qui concerne ses propriétés optiques, un verre au plomb a un indice de réfraction plus élevé; le verre est alors plus brillant car la présence de plomb améliore l'aspect final du verre. Le plomb diminue également la viscosité du verre et les verres au plomb sont plus faciles à travailler, à tailler et à graver (cf. la mise en oeuvre à froid avec la fabrication des pastilles). Les verres opaques rouges sont parmi les verres les plus difficiles à fabriquer. L'oxyde de cuivre ayant une forte tendance à s'oxy7 Le prélèvement réalisé sur cette ceinture (L. 18944) n'a donc pas été inclus dans cette étude. 8/. Henderson et S. E. Warren, «X-ray fluorescence analyses of Iron Age glass beads from Meare Glastonbury Lake villages», Archaeometry, vol. 23, fasc. 1,1981, p. 83-94.