Folia archeologica 15.
Fehér Géza: A Magyar Nemzeti Múzeum lelőhellyel jelölt hódoltságkori ezüstcsészéi
LES BOLS D'ARGENTS DE L'ÉPOQUE TURQUE 105 Nos connaissances actuelles ne nous permettent pas de distinguer parmi les bols d'argent ceux qui sont purement turcs et ceux qui ont été faits par les orfèvres indigènes des territoires occupés par les Turcs. (Un exemple caractéristique nous est fourni par ce bol de la collection du Musée National d'Archéologie de Sofia dont les flancs sont ornés de chamsp en dos-d'âne tordus, stylisés, présentant des arabesques, tandis que le nombril porte gravés le nom et l'image de Saint Nicolas) (Pl. XIX. 5). En Hongrie on connaît trois pièces d'ofévrerie qui, sans aucun doute, son des ouvrages turcs. Un hanap en argent orné d'arabesques, mis au jour lors des fouilles du château d'Eger et qui remonte de façon certaine au XVI e siècle (Pl. XVII. 1). Le Musée de Sofia possède des pièces d'orfèvrerie bulgare décorées de la même manière (Pl. XVII. 2; fig. 35). La collection du Musée National de Budapest comprend deux objets qui par leurs ornements hachurés se détachant du fond strié se distinguent des arabesques du XVI e siècle, disposés généralement sur fond amati en petits cercles : d'une part une écritoire munie du tugra du sultan Mehmed (1648—1687) (fig. 36), d'autre part un bol d'argent décoré dans un style apparenté et que, d'après son analyse, il est indiqué de situer au XVII e siècle (fig. 38). Le fine exécution des bols du musée des Sofia, la transformation de quelques-uns des éléments de style selon le goût local (par exemple ornement alvéolaire, nombril), la belle dorure de certains bols témoignent également de ce que l'orfèvrerie bulgare possédait au temps des Turcs de longues traditions. Il semble probable que dès le milieu du XVI e siècle, l'ofrèvrerie turque et bulgare aient exercé l'une sur l'autre une influence réciproque fructueuse pour les deux parties. En effet, le niveau relativement développé de l'orfèvrerie bulgare au moyen âge permit que cette industrie accueille non seulement les nouveaux éléments orientaux apportés par les Turcs, mais éventuellement de nouveaux procédés de fabrication. En même temps, il va de soi que les orfèvres turcs ne purent échapper à l'influence de l'orfèvrerie bulgare. Il est donc fort possible que sur les pièces d'orfèvrerie ornées d'arabesques ou d'autres motifs orientaux — qui à l'époque de la domination ottomane ont passé en Hongrie, en Roumanie, en Bosnie-Herzégovine, ou bien y ont été fabriquées — il faille chercher les caractéristiques d'une orfèvrerie qui avait subi certaines transformations et s'était enrichie de nouveaux éléments décoratifs sur le sol bulgare.