Tüskés Anna (szerk.): Omnis creatura significans - Tanulmányok Prokopp Mária 70. születésnapjára (2009)
Antik és középkori művészet
György Rúzsa Quand la staurothèque byzantine d’Esztergom est-elle arrivée en Hongrie ? La staurothèque byzantine1 du trésor de l’Eglise Métropolitaine d’Esztergom est la plus ancienne des icônes conservées en Hongrie. Concernant l’âge de la partie centrale réalisée en argent doré et ornée d’émaux cloisonnés, de nombreuses conceptions contradictoires ont été formulées. Certains chercheurs la concidèrent comme réalisée au Xle siècle, mais il me semble plus juste de la dater de la deuxième partie ou de la fin du XHe siècle d’après les recherches de Lydie Hadermann Misguich.2 Par ailleurs on peut noter que l’illustre archéologue et historien d’art Nikodim Pavlovitch Kondakoff qui n’a connu la staurothèque que par des publications et des photographies écrivait dans son célèbre livre « Byzantinische Zellen-Email-Sammlung A. W. von Swe- nigorodskoi. Geschichte und Denkmäler des byzantinischen Emails » que cette icône en émail cloisonné ne méritait pas son renom mondial.з La partie centrale se divise en trois registres. Au registre supérieur on trouve deux anges en volet éplorés. Le deuxième registre contient les figures de Constantin et de sa mère Hélène avec la croix sacrée. Le registre inférieur est occupé par deux scènes: le Chemin du Calvaire, plus précisément, Jésus Christ tiré vers la croix et la Descente de croix. On discute également de la date d’arrivée de cet objet d’art en Hongrie. Certains historiens prétendent que cette staurothèque est parvenue dans le pays à l’époque árpádienne. (Xle, XHe, XlIIe siècles). Il est notoire que dans la Hongrie des Arpâds eurent lieu beaucoup d’alliances avec les dynasties byzantines. Les historiens veulent aussi souvent identifier cet objet d’art avec ceux que l’on trouve dans des descriptions médiévales. Par exemple dans le recensement de 1093 de l’abbaye de Pannonhalma il est question d’une « tabula » reliquaire ornée d’émail. Dans le recensement de 1425 de l’église capitulaire de Pozsony on mentioné « una tabula magna cum reliquiis. » L’inventaire de l’Abbaye de Pécsvárad mentionne aussi une plaque reliquaire, un don du roi saint Etienne. Dans le recensement des trésors du Chapitre de Veszprém (datant des années 1429-1437) on trouve encore trois plaques d’argent. On souligne que toutes les trois sont des oeuvres grecques (« greci operis »). Je pense que ces descriptions laconiques n’ont pas de rapport avec la staurothèque d’Esztergom. Si nous voulons donner la réponse à la question « Quand la staurothèque est-elle arrivée en Hongrie? » nous devons examiner son cadre. Sur la bande supérieure on voit une Déisis. (La figure de saint Jean est entièrement l’oeuvre du restaurateur.) Sur les bandes latérales, saint Basile et saint Nicolas sont représentés. En bas on trouve trois saints-soldats: saint Démétrios, saint Théodore Tiron et saint Georges. (La figure de ce dernier est aussi due au restaurateur.) Ici je voudrais rappeler que la Déisis sur les cadres est fréquente surtout dans l’art slave post-byzantin. Les inscriptions du cadre et les inscriptions de la partie centrale diffèrent. Les lettres de la partie centrale sont régulières et uniformes. Les accents sont presque partout marqués. Nous ne trouvons pas ici de fautes d’orthographe. Au contraire, les lettres d’encadrement sont irrégulières et chancellent plutôt de droite à gauche. Dans trois mots BaoiÀeioç, NucôÀaoç, Tqpaiv il y a des fautes d’ortographe (BACIAHOC, NHKOAAOC, THPON).4 Les formes décoratives du cadre s’apparentent à celles des revêtements métalliques du XTVe siècle. Par exemple l’encadrement du XlVe siècle de l’icône de saint Nicolas de la collection de Hanenko (Chanenko) de Kiev,5 l’encadrement du début de XlVe siècle de l’icône de la Vierge Psychosostria de l’église de Saint Clément d’Ochrid,6 l’encadrement de la deuxième moitié du XlVe siècle de l’icône de la Vierge à l’Enfant Hodigitria de la cathédrale de Saint-Paul de Liègez et peut-être l’encadrement de XVe siècle de l’icône de saint Démétrios du monastère Dionysiou de la Saint Montagne de l’Athos.8 Ainsi nous pouvons affirmer que le cadre de la staurothèque d’Esztergom est plus récent que la partie centrale et on peut le rattacher au XlVe (ou au XVe) siècle.9 En ce qui concerne la région d’exécution du cadre on peut supposer Ochrid, Thessalonique et la Saint Montagne de l’Athos. Mais si l’on pense aux inscriptions grecques imprécises, on suppose tout d’abord que ce cadre est une production d’Ochrid, d’une région gréco-slave. Ainsi nous pouvons supposer que la partie centrale émaillée séjournait dans une région gréco-slave dans les Balkans où elle a reçu son cadre. Le revers de la staurothèque est revêtu d’un damas de soie du XlVe ou du XVe siècle fait par des maîtres chinois. Les tissus de ce type étaient très populaires dans l’Empire Ottoman.10 Ce fait soutient aussi notre hypothèse d’une partie centrale de la staurothèque qui aurait séjourné dans les Balkans. Enfin nous pouvons admettre que la staurothèque d’Esztergom pendant son séjour dans les Balkans a été ornée d’un cadre balkanique du XlVe (ou du XVe) siècle et d’un damas de soie du XlVe ou du XVe siècle populaire dans l’Empire Ottoman. Ce qui nous amène à envisager que l’archevêque primat de Hongrie, János Kutassy (+1601), ait reçu plus tard cet objet d’art en cadeau lors de son ambassade auprès de l’Empire Ottoman. Dans l’inventaire successoral (1609-1610) du primat de Hongrie János Kutassy nous trouvons déjà une description détaillée et exacte de la staurothèque 47