Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)
KÖRÖMI GABRIELLA: Misogynie dans la littérature frangaise de la deuxiéme moitié du XIXe siécle
Misogynie dans la littérature frangaise de la deuxiéme moitié. 45 Suivant la logique misogyne, il arrive que la femme ne se contente pas de chátrer l'homme, elle decide de l'anéantir. La femme qui tue est l'un des pivots de la conception misogyne, et devient par la figure emblématique de cette littérature. Susannah Jackson de l'Isle-Adam est préte ä s'ensevelir ä la campagne avec un « bel enfant, qu'elle s'y distraira, languissamment, ä tuer á son aise. >> 1 5 Nana de Zola devient le type parfait de la femme qui tue, avec son « sourire aigu de mangeuse d'hommes >>. 1 6 Célestine dans Le journal d'une femme de chambre de Mirbeau satisfait son appétit sexuel insatiable aux dépens de son amant Georges, gravement malade d'ailleurs, en le précipitant dans la mórt inévitable : « Et, le désir réveillé en moi, ce fut un supplice atroce dans la plus atroce des voluptés d' entendre les soupirs et les petits cris de Georges, d'entendre le bruit de ses os qui, sous moi, cliquetaient comme les ossements d'un squelette >>. 1 7 C'est de cette fagon qu'est franchi le pas séparant la femme qui tue de la femme qui tue pour rechercher de la volupté. La puissance de l'instinct sexuel qui peut conduire la femme aux pires déchéances, et jusqu'au meurtre, réveille en elle le plaisir par les perversions ou par la mort. Le sommet de cette littérature est Le jardin des supplices de Mirbeau ou Clara identifie la volupté avec la mort, considérées comme les deux représentations de la mérne exaltation physiologique. Clara incarne toutes les obsessions des misogynes : femme cruelle, lubrique qui s'adonne avec frénésie aux diverses perversions et qui entraine l'homme dans la boue. Elle est présentée comme la reine des charognes. Le parallelisms entre la femme et la charogne, issu du célébre poéme de Baudelaire, devient vite un heu commun littéraire. H est fondé sur le fait que la femme, charogne eile mérne, moralement pourrie, n'est jamais dégoűtée par l'immondice. La différence entre l'absence de la repugnance et la jouissance que l'on y trouve disparait peu á peu : la femme cherche la saleté pour s'y plaire, comme Nana de Zola, Clara de Mirbeau ou Sapho de Daudet. Désormais, la figure de la prostituée, belle dehors, pourrie dedans, incarne la pourriture soit reelle, soit morale. Chez certains auteurs la femme-charogne devient l'allégorie de la syphilis. Cette maladie devient le fléau de la société contemporaine dont fait témoignage le cauchemar de des Esseintes dans A rebours de Huysmans, notamment le cheval au galop, Symbole de la syphilis triomphante. Image symbolique par excellence : la génération romantique est ravagée par le mal du siécle, celle des années 1870—90 l'est par la maladie du siécle. Selon 15Villiers : Le convive des derniéres fétes, p. 100. 1 6 Zola : Nana, p. 1118. 17Mirbeau : Le journal d'une femme de chambre, p. 189.