Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)

FÖLDES GYÖRGYI: La profération et le symbolisme du son chez Mallarmé et Kosztolányi

La. profération et le symbolisme du son cliez Mall armé et Kosztolányi 29 symbole des objets et des personnes ». Selon cette idée "primitive", le nom est capable de prédire le sort de celui qui le porte (le nom « musical » et « en couleur » de János Arany a déterminé toute la carriére littéraire du poéte hongrois) ; ou en possédant — en pronongant — le nom, l'on posséde la personne aussi, comme aux cultures tribales. Le nom — et avec lui le substantif aussi, le nom commun, le nom « des objets » — est égal ä son referent. C'est la raison pour laquelle le locuteur crée un monde en parlant : prononcé, le fictif, le non-réel peut aussi avoir une réalité "paralélle" . 6 II est done clair que Kosztolányi trouve evident que les noms des romans soient inseparables des personnages, de plus, ils leur assurent une certaine existence (« s'ils ont leur noms, ils vivent déjá »). A propos du nom (et du titre) & Anna Edes, un de ses romans, il parle d'une hallucination qui I'a emprisonné des le début de son éeriture. Selon Kosztolányi, le prénom Anna évoque le mot manna ('manne'), un conditionnel "/érraran" (dans le hongrois, les suffixes du conditionnel sont -na, -ne) ; le nom de famille signifie cdouce'tendre' ; enfin, le nom entier (Edes Anna) lui rappelle la mére (en hongrois : édesanya). 7 Le pouvoir créateur du verbe est done fortement lié ä sa musique, á sa sonorité — á l'articulation, ä la profération. Voilá pourquoi Kosztolányi accentue de nombreuses fois que, durant le processus de l'écriture, c'est parfois le fonctionnement automatique du langage et non pas l'intention artistique qui fait pencher la balance, que c'est le matériau linguistique qui peut pousser l'auteur ä décider de fixer tel ou tel contenu dans l'oeuvre. Le minimum, c'est que le poéte doit se charger de réconcilier le contenu et la forme (ou la sonorité), ou parfois, il se voit forcé de reléguer ce premier au second plan en faveur de la deuxiéme. Un exemple : il loue un littérateur anglais, H. W. Ryland d'avoir remarqué dans le style de Shakespeare l'harmonie naturelle — ici involontaire — du contenu et de la forme : « Entre autres, il découvre que par I'accumulation des "s" doux, mélés avec des "l" et "n", on peut faire surgir une musique magique, que ces sons reviennent presque systématiquement dans des états d'äme pareils et que, dans Jules César, la elé de l'éloquence prosai'que de Brutus se trouve dans les allitérations et I'opposition musicale de certaines lettres et certains sons ( vile et love). » 8 G KOSZTOLÁNYI, Dezső, Arany János = K. D., Látjátok, feleim, Budapest, Szépirodalmi Kiadó, 1976, 137—165. 7 ' .. ... , KOSZTOLÁNYI, Dezső, Hogy születik a vers és a regény? Válasz és vallomás egy kérdésre, Pesti Hírlap, 8 mars et 15 mars 1931 — K. D., Nyelv és lélek, 514—521. 8 KOSZTOLÁNYI, Dezső, Ákombákom, Pesti Hírlap, 17 avril 1932 = K. D., Nyelv és lélek, 423.

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