Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)

I. Littérature L AURENCE GHIGNY: Stratégies et littérature fin du XIX6 siécle en Belgique

12 Laurence Ghigny mérne capable d'agir sur d'autres champs et eile est d'autant plus aisée que ces auteurs jouissent en général d'une certain fortune personnelle. Mais la gratuité n'est qu'apparente, et doit étre envisagée comme un investissement véritable, menant ä une prise de position rentable. II faut souligner que l'implication dans le champ artistique par un biais différent de l'économie est une fagon relativement nouvelle pour la classe bourgeoise d'accéder la conquéte du pouvoir, ä la légitimation. Cette conquéte de l'espace artistique en tant que l'acquisition d'une position forte pouvant mener ä la domination dans d'autres domaines, ne peut s'inscrire et se réaliser que dans le respect d'une certaine structuration du champ culturel tel qu'établit par la France c'est-a-dire celui notamment de la centralisation, de la réunion. Fait particulierement compris par ces jeunes écrivains beiges qui, malgré les themes et les caractéristiques stylistiques de leur écriture affichés comme beiges, s'installeront pour la plupart a Paris, coeur de l'institution httéraire (culturelle) frangaise et opteront, tous, rappelons-le, pour la langue frangaise au détriment du néerlandais. Ce choix linguistique inscrivant directement ces auteurs dans la problématique de la relation ä l'institution httéraire frangaise, mais leur permettant également d'accéder aux avantages que celle-ci représente en termes de notoriété, d'influences, une fois l'adhésion réalisée et l'incorporation réussie. Ainsi, il me semble que la vision tripartite de l'histoire Httéraire beige divisant celle-ci en trois phases nommées centrifuge, centripéte et dialectique en référence au pőle frangais, peut-étre nuancée ä partir du mérne principe sociologique qui l'a constituée. Cette théorie 4 considére que la période ä laquelle appartient la génération de la fin du XIX e siécle adopt e un comportement « centrifuge » par rapport au centre párisién puisqu'elle affiche ostensiblement des themes, des références et des caractéristiques linguistiques beiges. Cependant, si ce fait est indéniable, il peut se situer dans le cadre d'un objectif qui serait la reconnaissance parisienne pergue comme la seule maniére d'obtenir la notoriété, but légitime de cette génération bourgeoise, mais finalement de tout écrivain d'hier comme aujourd'hui (la publication étant au sens strict du mot, le fait de devenir public, connu). Hypothese qui permettrait d'expliquer les contradictions apparentes de cette jeune génération beige entre, d'une part, la formulation de revendications artistiques nationales et, d'autre part, des démarches comme l'établissement ä Paris, la fréquentation des cercles littéraires frangais, l'absence d'autonomisation effective de l'institution httéraire belge par la mise en place de systémes de reconnaissance nationaux. La subtihté 4 Jean-Marie Klinkenberg est notamment ä la base de cette théorie.

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