Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 6. (Budapest, 1979)

MIKLÓS, Pál: „La fiancée de la quiétude"

lointaine ... tout d'un coup, il entra au paysage, se mit en route et disparut dans le bois brumeux ... Pratiquement, c'est le cadre de la peinture (même de la fresque avec cadre peint) qui marque assez brusquement qu'il s'agit d'un monde séparé de l'environne­ment. Et l'exigeance spatiale de la statue (qu'on néglige souvent, hélas!) est la con­séquence dérivée également de la concep­tion de l'oeuvre d'art autonome. La fonction de l'art décoratif (même d'un chef-d'oeuvre artisanal aussi!) est complètement différente de celle de l'art autonome. L'objet d'art décoratif con­tient quelquefois des images, il est souvent muni de figures, évoquant un mythe, re­présentant une idée de la religion. Mais il est tout d'abord un objet — d'art ou d'histoire, de culte ou de civilisation — en tout cas: objet. Sa fonction fondamentale, comme son nom, l'art appliqué, nous ré­vèle, est toujours double, et dans cette double fonction, c'est la pratique qui pré­domine. Dans ma conception, les objets d'art dans lesquels la décoration a éliminé la fonction pratique — p. e. des calices surdécorés qu'on ne peut pas employer pour boire etc. — sont des objets d'art mais faux, des bâtardises, ou, d'un autre point de vue, des oeuvres plastiques fa­çonnées par une certaine convention d'ob­jet, déterminée par un époque, par une société ou par un groupe social etc. L'ob­jet d'art décoratif est un objet pratique mais décoré, formé soigneusement, d'après règles d'artisanat et pour but esthétiques. Comme tel, il est toujours un élément d'un monde réel, et il peut faire valoir sa substance dans un contexte d'un espace réel, dans un contexte des autres objets. Cette conception des objets d'art a une conséquence pour le muséologue: l'oeuvre d'art autonome a besoin d'une isolation pour assurer au public le ren­contre avec son univers métaphysique — l'oeuvre d'art décorative, l'objet d'art, au contraire, exige d'être présentée dans un contexte (restitué). 3 Une peinture dans une chambre, dans sa solitude: c'est une forme d'arrangement qu'on ne peut réaliser que rarement. Mais on peut assurer aux peintures une iso­lation relative, quelquefois symbolique: un coin avec un seul siège où le visiteur aura l'illusion d'avoir seul en face le tableau. Un vaste tableau peut résoudre ce problè­me par ses dimensions: on se perd dans ce monde peint même en se promenant devant sa surface immense. Pour les oeuvres plastiques cette isolation symbo­lique peut être réalisée de la meilleure façon par la position de l'oeuvre en plein­air, sur une place (architecturale) ou sur la verdure d'un parc. On voit ainsi naître une espace, une structure spatiale crée par l'oeuvre plastique. Dans ce cas aussi, il ne faut pas oublier, le public a besoin des informations — une introduction his­torique, esthétique, technique etc. à l'oeuvre, s'il est possible, séparée dans une antichambre ou sur une place com­municante: contemporains, esquisses, do­cuments biographiques etc. Un objet d'art décoratif dans un en­semble, dans son contexte restitué, p. e. dans un modèle d'intérieur: c'est la so­lution réelle de le faire parler. Le modèle est assez difficile à réaliser (les collections du musée ne sont jamais complètes), mais les informations (documents, photos etc.) destinées au public peuvent être ici former l'entourage de l'objet, même le contexte restitué. Il faut éviter la séduction des coulisses théâtrales, les effets „grand­guignol" et fair attention à l'arrangement esthétique. Ainsi, le musée ne sera pas un livre illustré, ne sera pas une série des illustra­tions d'un autre livre non plus (qui se 8

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