Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 6. (Budapest, 1979)
MIKLÓS, Pál: „La fiancée de la quiétude"
mettre en route et suivre le fil de l'anecdote cachée dans la scène ou dans la physionomie — cette capacité générale du public peut expliquer la popularité des galeries de tableaux et de sculptures. L'urne de Keats peut raconter, elle aussi, à cause de sa nature pittoresque — dans le sens traditionnel: à cause du fait qu'elle est en réalité un image anécdotique en relief. Mais comment on peut faire parler les objets d'art? (On me pardonnera si je ne parle pas des oeuvres picturales non pittoresques, c'est à dire non genres, non scéniques — la relation du public et les peintures-sculptures non figuratives est une question réelle, mais trop compliquée pour être traitée ici.) Les objets d'art en général (dont un cas spécial est la peinture: le surface-objet, l'objet bidimensionnel, et dont un autre cas spécial est la sculpture: l'objet plasticité-pur — mais unifonctionnels tous les deux: destinés pour la contemplation) qui ont une (ou plusieurs) fonction(s) pratiques: meuble et vaisselle, vêtement et joyau, bref, les objets d'utilité quotidienne du micro-environnement humaine, formés avec une exigeance esthétique et qui, pratiquement, figurent dans les collections des musées des arts décoratifs. Est-ce qu'on peut les faire parler aussi? Si cela dépend de ce que l'objet contient une histoire à raconter ou non, nous pouvons répondre à la question affirmativement. Toute la literature concernant les objets d'art raconte des histoires: des histoires sur tel ou tel maître artisan et son atelier, sur ses modèles et ses mécènes etc. Mais la méthode sémiotique nous apprend qu'il y a beaucoup plus d'histoires dans les objets: le tracé du ciseau sur la surface du bois contient une certaine information sur la technique procédée employée par le maître: une couleur d'un tapis ou d'un vase engobé peut nous informer sur le savoir chimique du producteur; une matière rarissime peut authentiquer la vraisemblance d'un propriétaire riche; une certaine forme bien proportionnée peut marquer une époque et un style inimitables. Or, l'objet d'art contient assurément des histoires ou, plus précisément, des éléments historiques (de la civilisation, de la technologie, de la société, du style etc.), qui sont imprimés ou tracés, gravés ou tissés, battus ou maniés, enfoncés ou incisés dans le corps de l'objet. Et nous n'avons pas encore rendu compte des informations manifestées par les décorations, ornementales et représentatives (images!), qui se trouvent sur les objets et qui nous révèlent la psychologie, les idées de l'artisan et du mécène, du créateur et du propriétaire de l'objet, et, peut-être, la structure mentale d'une société. La différence entre la peinture-sculpture et l'objet est cependant que l'objet ne raconte pas son histoire soi-même. Faire parler l'objet est beaucoup plus difficile à cause de sa destination: la peinture est destinée à la contemplation — à une communication exclusivement spirituelle (mentale, psychologique etc.). L'objet est destiné à une fonction pratique — à une communication physique (physiologique, manuelle etc.), son histoire n'est pas manifestée. Plus précisément: l'histoire de la peinture est codée par un système de signes iconique, au fond analogique, conventionnel et publique: adopté comme code par une société (code artistique — représentation par l'intermédiaire de l'analogie). Par contre, l'histoire de l'objet est codée par un système de signes au fond indexique, or, non conventionnel, illisible pour le public de l'art. Les traces d'un métier, d'un procédé technologique ne révèlent des informations que pour les spécialistes du métier, les signes d'une