Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 5. (Budapest, 1977)

VADÁSZI, Erzsébet: Buffet ou dressoir. L'influence de Ducerceau sur un dressoir de Budapest

tion du masque féminin sur un des van­teaux de notre dressior et celle de la tête féminine placée dans une cartouche sur le dessin de chaise N° 44 (fig. 19). Sur cette feuille d'ailleurs on retrouve sous le bord du siège la rangée de godrons à éventail avec feuilles d'acanthe, tandis que la base du trône est ornée de têtes de lion entou­rées de volutes. Geymüller est également d'avis que la tête de lion est un motif qui revient le plus souvent chez Ducerceau. Il va sans dire que les gravures citées sont bien plus compliquées que les meu­bles exécutés. La destination des feuilles de Ducerceau n'était pas d'être imitées dans tous les détails, leur but était: ,,à esveiller les esprits des artisans et non à leur éviter le plein de créer, et si les orne­ments sont toujours si multiples et com­pliqués, c'est qu'il s'agissait de donner en peu d'espèce beaucoup de motifs pouvant servir à plusieurs meubles." 57 Il n'est pas sans intérêt de comparer notre dressoir aux cheminées de l'époque d'Henri II. La possibilité de les comparer s'offre sans doute par la construction presqu'identique de ces deux meubles, les deux côtés de la cheminée étant également ornés de pilastres et sa tablette est souvent si abondamment sculptée qu'elle rappelle involontairement le linteau du dressoir, sinon toute l'ordonnance de la partie frontale, comme c'est le cas pour celui du Musée le Baron du Duc (Meuse) ou pour celui à la Maison Lebours (Allier 58 fig. 20). Les rapports étroits du meuble français avec la sculpture et l'architecture étaient les plus patents à cette époque-là, et ce non seulement parce que Ducerceau était à la fois ,,architecte, dessinateur et orne­maniste", mais aussi, parce que non seule­ment au Château d'Anet, mais dans toute la France, de Narbonne à Toulouse, les portes et fenêtres des édifices construits à l'époque sont ornées du même ensemble d'ornements que les meubles renaissance français. Sur une saillie du Château d'Anet on voit se réaliser les mêmes normes qui régissent la construction architectonique d'un meuble. Sur cette façade mentionnée les colonnes des bords se suivent dans l'ordre prescrit par Vitruve : en bas on voit des colonnes doriques, au milieu des ioniques et en haut des corinthiennes. 511 Pour les meubles à étages il y a la même règle obligatoire: la partie inférieure de notre dressoir est une reconstruction, sa partie supérieure manque, mais les pilastres de la partie centrale conservée ont des chapiteaux ioniques. Si les dressoirs nous sont parvenus en état fragmentaire, cette règle peut nous guider pour établir le nombre de leurs étages. Le dressoir du Musée des Arts Dé­coratifs, qui peut se classer dans le type buffet, est une belle oeuvre de la Renais­sance française mûre. Les preuves en sont la forme rectangulaire calme, équilibrée, caractéristique de la Renaissance dite se­conde, sa construction analogue à celle con­nue dans l'architecture française con­temporaine, ses rapports avec la sculpture du temps d'Henri II. Il est de noyer, sans les incrustations d'os et de coquille typiques de la fin du siècle, ce qui ne peut que confirmer notre hypothèse, à savoir qu'il devait être exécuté dans les premières dé­cennies suivant la parution à Paris en 1550 des dessins et gravures de Ducerceau.

Next

/
Thumbnails
Contents