Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 2. (Budapest, 1974)

Le Musée des Arts Décoratifs en 1972

haut point la Galerie Nationale qui croit être de son devoir de prendre part aux discussions des représentants des disciplines diverses. Aujourd'hui, l'importance de l'art po­pulaire, source des arts majeurs, est in­discutable et dans le pays de Bartók et de Kodály il serait superflu d'insister là-dessus. On doit peut-être attribuer à l'histoire que dans la civilisation et dans la culture des pays de l'Europe Orientale et de l'Europe Centrale la tradition populaire, paysanne, de s'adonner à la création d'objets d'art est restée vivante jusqu'à nos jours. L'aide que l'on doit lui apporter et la réorganisation de l'art populaire mériteraient d'être discutées dans une atmosphère calme par les re­présentants des disciplines intéressées. La transposition de l'ornementation populaire dans la peinture et dans la sculpture pré­occupait déjà nos aînés, en particulier les peintres de Szentendre et les membres du groupe dit les Imagiers hongrois. De nos jours, nous voyons se manifester chez nos peintres, artistes graphiques et sculpteurs jeunes ou déjà âgées une tendance très nette de reconsidérer ce trésor de motifs archaïques rustiques et de l'utiliser dans le style décoratif et structural en vue d'éla­borer une sorte de mondrianisme hongrois. Ces essais ne se bornent pas à l'emploi des techniques traditionnelles de la peinture ou de la sculpture, ils ont recours aussi aux couleurs synthétiques, aux divers procédés de l'incrustation et du traitement des mé­taux. Dans un ensemble architectural, on constate l'apparition de stucages de grande dimension et de mosaïques en pierres, tous en couleur et rappelant les motifs de l'art populaire; certains reliefs, revêtements, grilles, taillés en bois ou en pierre, évoquent l'ornementation en vogue dans les régions de Kalotaszeg, de Sárköz et de Bodrog. L'inspiration reçue des traditions populaires de l'ornementation ne respecte aucun mot d'ordre esthétique, elle s'affirme indépend amment de toute considération théorique dans l'activité des artistes sensibles qu'ils soient peintres ou orfèvres d'après les titres que portent leurs diplômes. Le classement facultatif de leurs oeuvres ne peut pas dépendre du verbalisme d'une théorie établie à tout prix; il se plie plutôt aux besoins de la société, à la curiosité des ama­teurs d'art et à l'emploi que l'on peut faire de l'objet monumental ou plus intime. Dans la critique d'art contemporaine il commence à se répandre une notion assez prudemment formulée sur l'appartenance de l'art non figuratif, considéré sous son aspect historique ou social. On s'efforce de trouver les éléments de la culture socialiste parmi lesquels on pourrait lui réserver une place, on s'applique à justifier sa raison d'être tout en continuant d'insister sur la nécessité que l'art soit engagé. C'est ainsi que l'art abstrait est devenu pour beaucoup un art décoratif et que les visiteurs des expositions organisées à l'occasion du cen­tenaire du Musée des Arts Décoratifs peu­vent voir non seulement des objets en sili­cate, des textiles, des objets en métaux, mais aussi des peintures, des sculptures et des oeuvres graphiques. Nul doute qu'une démarcation trop rigoureuse entre les attributions du Musée des Arts Décoratifs et celle de la Galerie Nationale Hongroise ne soit impropre à répondre aux problèmes imposés par la vie et discutés dans les ateliers et qu'elle ne soit à même de pouvoir nous faire re­connaître d'une part les caractéristiques des objets usuels et celles des objets décoratifs, d'autre part les propriétés de l'image et celles de la plastique. Car, enfin, la curio­sité des spécialistes du Musée des Arts Dé­coratifs ne pâtirait pas du fait qu'une por­celaine est figurative; de même, les con­servateurs de la Galerie Nationale Hon­groise doivent s'intéresser et ils s'intéressent 223

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