Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 22. 1982-1983 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1985)

Die Anjovinen in Mitteleuropa - Klaniczay Gábor: Rois saints et les Anjou de Hongroie. p. 57–66.

son apparition déjà comme roi, va encourager davantage la popularité du nouveau saint en accordant une foire de trois jours à Marseille pendant sa fête annuelle (LAURENT 1954, 38—44; VAUCHEZ 1981, 78, 266—267). En même temps, il fait transporter le chef reliquaire du saint familial dans sa capitale, Naples, et son épouse, Sancie d'Aragon, cédera une de ses couronnes d'or en faveur du chef reli­quaire somptueux de Louis (Bertaux 1900, 610—644; Kleinschmidt 1909, 212). Ensuite à Naples, d'autres fonda­tions, de statues et de peintures attestent la réputation du frère pieux de Robert.( 4 ) Et voilà, autour du nouveau saint, toujours les membres morts et vivants de la famille. C'est Saint Louis d'Anjou qui pose la couronne sur la tête de Robert sur un tableau de Simone Martini, et de même, on voit saint Louis d'Anjou et le roi saint Louis également parent trôner sur les monuments funéraires de Marie de Hongrie, du roi Robert et de Charles de Calabre (sculptés par Tino de Camaino et son atelier); sur les peintures murales du cloître de Santa Chiara, auprès du Christ et de Louis d'Anjou, s'agenouillent, des deux côtés, Robert et sa femme avec leurs deux enfants, Charles et Jeanne. Finalement, sur les fresques de l'église Santa Maria Incoronata, construite par la reine Jeanne, en 1352, c'est la représentation des Sept Sacrements de l'Église catholique qui se transforme en une chronique de famille: évidemment l'ordination y figure comme le sacre de saint Louis d'Anjou tandis que le Septième Sacrement, le Mariage, est symbolisé par l'union de la reine Jeanne avec Louis de Tarente (Bertaux 1900, 639; Kleinschmidt 1904, 200—201). Une pareille idée se dégage d'un livre d'heures angevin, d'avant 1317, de la Hofbibliothek de Vienne, dans lequel à la demande du roi Robert on a trouvé nécessaire d'inclure — auprès des représentations dès le début accentuées du roi saint Louis et de sainte Elisabeth de Hongrie — la personne et la légende de Louis d'Anjou.( 5 ) Et grâce â Robert, le culte de Louis d'Anjou s'épanouit non seulement dans ses domaines mais partout où son influence politique se fait sentir: les peintures murales de Giotto à Florence et celles d'Ara­brogio Lorenzetti à Sienne, commandées par Robert autant que par ses partisans, doivent peut-être leur naissance au fait qu'entre 1313 et 1321 Robert était podestat de Flor­ence. Il en va de même pour la représentation du roi saint Louis et celle de saint Louis d'Anjou, peinte par Giotto et par Simone Martini respectivement, se trouvant à Assise; ici, l'un des partisans des Angevins, le cardinal Gentile da Montefiore, nom bien connu dans l'histoire de Hongrie, fait même bâtir une chapelle privée en l'hon­neur de Louis d'Anjou (Bertaux 1900, 616-617, 635; Kleinschmidt 1904, 213). C'est André Vauchez qui a démontré récemment que Robert, roi de Naples, participa (4) Tout cela est analysé minutieuseument par Kleinschmidt. En dehors des oeuvres d'art énumérées ci-dessous, il faut encore citer le bras reliquaire de Louis d'Anjou, exécuté en 1338, aujourd'hui conservé au Louvre et la statue d'or de saint Louis, possédée par Marie de Hongrie aussi bien que les chapelles et cloîtres Saint­Louis, fondés tour à tour par Robert à Naples, à Bari et à Aversa respectivement. (5) Riegl 1887, 446 : Istoria beau Ludovici clare memorie domini regi Robertis. avec un zèle pareil, non seulement à la propagation du culte de saints familiaux mais aussi à un bon nombre d'affaires de canonisation au début du XIV siècle — entre autres à celle de Thomas d'Aquin.( 6 ) Évidemmert tout cela pouvait résulter de la piété profonde de Robert et de son épouse, Sancie. Lui fut inhumé en habit de moine franciscain alors qu'elle, après la mort de son mari, entra au couvent Santa Croce à Naples, sous le nom de Claire (Bertaux 1900, 627). Cependant, on peut constater que les Angevins étaient capables de faire profiter — dans une mesure jamais égalée — le culte des saints au bénéfice de leur dynastie.( 7 ) * Cette image est conforme avec le témoignage rassemblé dans les recherches historiques et artistiques se rapportant aux événements semblables du règne angevin en Hongrie. Charles Robert accède au trône non simplement comme descendant de la lignée des Arpades mais, bien davantage, comme héritier des "rois saints" de Hongrie. L'une de ses premières démarches en matière politique ecclésias­tique a pour but la reprise des procédures interrompues de la canonisation de Marguerite, vénérée comme sainte à Naples aussi :( 8 ) en 1306, il envoie le père dominicain André chez le pape Clément V, avec l'intention de brus­quer l'affaire (FRAKNÓI 1896 LXII) C'est saint Etienne de Hongrie dont l'évêque Augustin de Gazotte de Zagreb fait l'éloge au concile de Zagreb (1308), en présence de Charles Robert (KERCSELICH 1776, 109; KARSAI 1938, 162) alors que le cardinal Gentile fait appel à la noblesse hongroise, en 1309, pour l'attachement à Charles Robert avec l'argument selon lequel comme unique successeur des rois saints, c'est lui qui ramènera au pays cette fécon­dité, cette paix et cette union spirituelle assurées sous les rois saints, avant tout, sous saint Etienne de Hongrie, mais qui avaient disparu aux temps des "usurpateurs".( 9 ) (6) VAUCHEZ 1981, 92—94.: Les „saint domestiques" des Angevins furent saint Nicolas de Tolentino, canonisé en 1325, et Elzéar de Sabran, comte d'Ariano qui avait été l'un des vassaux de Robert et qui fut canonisé en 1369 par son filleul, Urbain V. Le procès de canonisation de Thomas d'Aquin eut lieu à Naples en 1319 et Robert assista à la canonisation en Avignon. (7) L'attention est dirigée vers l'utilisation politique du culte des saints par la maison d'Anjou pour la première fois par M. Bertaux. PÁSZTOR (1955) et TOYNBEE (1929, 152—154, 224—226) signalent la même chose. Outre les constations s'y rattachant dans la monographie et dans l'article de M. Vauchez, un autre aspect en est illustré par l'analyse qu'il a faite lui-même de la tentative de canonisation, à la fin du XIV e siècle, de l'Angevin Charles de Blois, duc de Bretagne (VAUCHEZ 1978). (8) Par rapport au culte de Marguerite à Naples voir Knauz 1867—68 KASTNER 1929, 22—25; Bánfi 1940; MEZEY 1955, 48—50; KLANICZAY 1974, 38—39. (9) Sane, per divinam providentiam, regno Hungarie reges catholici prefuerunt, quorum primus, sanctus rex Stephanus, et alii nonnulli sanctorum cathalogo meruerunt ascribi; relinquentes ex se legitimes successores, sub quorum felici regimine regnum ipsum fertilitate floruit, obtinuit pacis dulcedinem, et inter ipsius incolas viguit unitas animarum. Ex quo non (sic ) regnum ipsum reges exteri usurpabunt, fertilitati sterilitás, pacis dulcedini tempestati fremitus, et concôrdibus animis dissensio detestanda successif. Nos 58

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