Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 22. 1982-1983 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1985)

Die Anjovinen in Mitteleuropa - Klaniczay Gábor: Rois saints et les Anjou de Hongroie. p. 57–66.

Alba Regia, XXII, 1985 G. KLANICZAY ROIS SAINTS ET LES ANJOU DE HONGRIE Fils de Béla IV, le jeune roi Etienne est appelé "prince vaillant et puissant, descendu d'une lignée de saints et de grands rois" dans une lettre de Charles d'Anjou (1269), dans laquelle — par l'intermédiaire de Bernard, abbé du Mont-Cassin — il propose de contracter une double alli­ance, visant l'union de la maison d'Anjou à celle des Arpades, entre son fils, le futur Charles II, et Marie de Hongrie d'une part, puis entre Ladislas IV dit le Couman et Isabelle d'Anjou d'autre part.C 1 ) Cependant, cette fois-ci, la formule employée est plus qu'un compliment habituel. Le fondateur de la nouvelle maison princière d'Anjou n'était que trop conscient de l'importance de s'apparenter aux saints royaux de la dynastie arpadienne. Aussi dans son témoignage, rendu en 1282 lors du procès de canonisation de son frère aîné, Louis IX, semble-t-il en avoir une notion nette. Il va de soi pour Charles que "les racines sacrées" -c.-à.-d. la dynastie des Capétiens­"poussent des branches sacrées". À son avis, auprès de Louis, ses deux autres frères doivent également être considérés comme saints: Robert d'Artois, étant mort martyr dans la lutte contre les Sarrasins et Alphonse de Poitiers, qui lui même était visiblement prêt à souffrir le martyre, en se rendant en Terre sainte — au lieu de France — après la défaite de Tunis.( 2 ) Même si aucun membre de la maison capétienne ne fut plus canonisé après Louis, le prestige des successeurs du quatrième frère, Charles, les Angevins, augmenta d'autant plus rapidement. Le petit-fils de Charles, Louis d'Anjou, évêque de Toulouse, mort en 1297, fut canonisé en 1317. C'est alors (1) FEJÉR 1829—1844, IV/3 510: Dominus Stephanus natus est de génère sanctorum et maximorum regum (2) Riant 1889, 155—180: ...sancta illa anima soluta est, unde sancta radix sanctos ramos protulit, non solum regem sanctum et comitem Atrebatensem, mar tir em gloriosum et comitem Pictaviensem affectu. .. Cf. VAUCHEZ 1981, 214 que l'oraison de François de Mcyronnes fut composée, dans laquelle la sainteté de Louis est attestée avant tout par le fait qu'il était "né d'une lignée de personnages saints". Du côté paternel, il est apparenté à saint Louis alors que sa mère est "Marie de Hongrie, qui est sortie de la famille des rois de Hongrie: celle de saint Etienne, de saint Émeric et de saint Ladislas". Le prédicateur franciscain y ajoute encore que "récemment on n'a cano­nisé qu'une seule femme du sang royal, sainte Elisabeth, qui était appartenue à la même famille que la mère de notre bienheureux Louis."( 3 ) Il est évident donc que le renom grandissant de la sainteté des Angevins servit à ajouter au prestige de la nouvelle dynastie. Ce n'est pourtant pas le fait que ce culte de saints était d'une utilité politique mais sa réussite exceptionnelle qui rend ces efforts des Angevins dignes d'intérêt. Bien entendu, le succès est dû tout d'abord à l'alliance politique étroite entre la famille d'Anjou et la papauté (avant d'être élu, le pape Jean XXII était un des conseillers de Robert d'An­jou). Aussi la propagande, sans pareille à l'époque, aidant à diffuser le culte des saints attachés à cette dynastie, mérite-t-elle d'être considérée. La canonisation de Louis d'Anjou est une véritable grande entreprise familiale: le procès en est sollicité par le père, Charles H, auprès du pape Boniface VIII, entre­temps, le frère cadet, Robert — alors duc de Provence — confie à son chapelain franciscain la charge de rassembler les miracles y relatifs, en le rémunérant de 400 florins d'or. C'est aussi lui qui, au nom de son père et avant que le procès de canonisation ne soit commencé, fit une fond­ation spéciale à Marseille pour la célébration annuelle du culte de son frère. A l'élévation de 1319, Robert qui fait (3) Meyronnes 1897, 311: Nam mater sua Maria Ungarie fuit de stirpe sanctorum Stephani, Ladislai et Emerici Ungarorum regum ... novissime nulla mulier de alio sanguine regio fuit canonizata nisi sancta Elizabeth de cuius stirpe mater Beati Ludovici fuit ; cité par VAUCHEZ 1977, 403. 57

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